Virus du Nil occidental : un été meurtrier en Amérique du Nord

1 novembre 2012 09:00:00 Catégories : changements climatiques climat santé

Moustique

Le virus du Nil occidental (VNO) a fait son grand retour cette année en Amérique du Nord. Cette maladie transmise par les moustiques s’est répandue rapidement au sein de la population, notamment aux États-Unis et au sud du Canada.

Les États-Unis ont eu à faire face à une recrudescence tragique du virus du Nil occidental (VNO) : 4725 cas chez l’humain y ont été rapportés en 2012 (1). La maladie s'est répandue dans tout le pays, puisque 48 États américains ont signalé des infections par ce virus chez les personnes, les oiseaux ou les moustiques. De plus, 219 personnes sont mortes à la suite d'une infection par le VNO. Cette année est la deuxième pire année enregistrée pour les États-Unis après 2003 ou le Center for Disease Control avait dénombré 9862 cas de personnes infectés et 264 morts. (L’année 2003 a fait l’objet d’une détection systématique des cas dans un des États américains, ce qui a augmenté le nombre de cas déclarés.) Pour faire face à l'épidémie, des procédures d’épandage de pesticides contre les moustiques ont été mises en place à grande échelle, comme dans la ville de New York.

Au Québec, le virus a été identifié pour la première fois en 2002. Il y a eu 20 cas la première année et 17 cas l’année suivante. Par la suite, le virus est resté peu actif, puisque de 2004 à 2010, très peu de cas ont été recensés. On décomptait entre 1 et 3 cas par année, sauf en 2005 avec 5 cas. Pourtant depuis, le nombre de cas augmente rapidement. En effet: 41 cas ont été signalés en 2011 et cette année, tous les records sont battus avec 132 cas au Québec (données du MSSS).

Au Canada, 441 cas ont été dénombrés en 2012 (2). L’Ontario est la région la plus touchée avec 242 cas, suivi du Québec. Puis, on a observé 39 cas au Manitoba, 9 cas en Saskatchewan, 9 cas en Alberta et 1 cas dans l'Île-du-Prince-Édouard. C’est un nombre de cas important, mais qui n’atteint cependant pas les sommets des années 2007 et 2003 avec respectivement 2401 et 1494 cas au Canada. Six décès liés au virus du Nil occidental ont aussi été signalés cette année au Canada (2) dont un au Québec (données du MSSS).

Le VNO se transmet surtout aux humains par les piqûres de moustiques. En général, les moustiques sont eux-mêmes devenus porteurs du virus en piquant un oiseau infecté. La lutte contre le VNO comprend un ensemble de mesures incluant la diminution du nombre de moustiques et de piqûres et l’augmentation des mesures de protection personnelle. La plupart des personnes infectées ne ressentent aucun symptôme, ou seulement de légers symptômes tels que la fièvre, les douleurs musculaires, les rougeurs sur la peau ou des maux de tête. Toutefois, des cas plus graves peuvent causer des encéphalites (inflammation du cerveau) ou des méningites (inflammation des enveloppes du cerveau). Le taux de mortalité attribuable au VNO varie de 3 à 15 % et est plus élevé chez les personnes âgées et celles ayant des maladies sous-jacentes (maladies chroniques, etc.). Aux États-Unis, cette année, 51 % des cas ont été déclarés comme des cas de maladies neuro-invasives et 49 % comme des cas de maladies non neuro-invasives. Au Canada, pour les données de la saison 2012 en date de la semaine 42, 32 % des cas ont été classés dans la catégorie « Syndrome neurologique », et 54 % dans la catégorie « Syndrome non neurologique » et 14 % restent non spécifiés.


L'été chaud de cette année en Amérique du Nord a sans doute favorisé l'émergence du VNO. En effet, les moustiques sont très sensibles à la température. Le climat généralement frais ou froid du Québec nous a jusqu'ici protégés de la plupart des infections transmises par les moustiques. Cependant, le réchauffement des températures pourrait changer la donne. C’est aussi l’avis de Jocelyne Sauvé, directrice de la santé publique de la Montérégie, qui a déclaré à Météo Média (3) : « Probablement que l’hiver doux et l’été chaud font en sorte que la multiplication du cycle du virus dans le moustique a été particulièrement propice à ce qu’il y ait plus de moustiques infectés, dont plus de personnes infectées ». Il est indéniable que le climat a eu une influence sur cette épidémie. Cependant, il est difficile de déterminer quel impact réel a eu la météo de 2012 sur cette épidémie. La Dre Lyle Petersen, directrice de la Division des maladies à transmission vectorielle du Centre national sur les maladies émergentes et zoonotiques du Center for Disease Control aux États-Unis a répondu aux journalistes sur le lien entre la météo et le VNO (4) : « Nous savons que la météo est très importante. Les températures et les précipitations affectent un grand nombre de facteurs liés à ces épidémies comme le nombre de moustiques, le nombre d'oiseaux, comment ces oiseaux interagissent avec les moustiques, la durée de vie du moustique, la vitesse à laquelle le virus se multiplie dans le moustique et devient plus contagieux. Les moustiques deviennent contagieux plus rapidement, donc il y a une relation très compliquée entre la température, les précipitations et l'ensemble de ces facteurs impliqués dans la transmission du virus du Nil occidental. […] Les épidémies du virus du Nil occidental se produisent souvent pendant les vagues de chaleur, mais pas toujours. Mais si on regarde, une chose est certaine, lorsque la température est anormalement froide, les épidémies ne se produisent pas. Donc les températures ont vraiment une importance. Toutes les éclosions majeures aux États-Unis à ce jour ont eu lieu lorsque la température est anormalement chaude. En 2002 et 2003, ils se sont produits pendant les périodes où la température était supérieure à la normale, comme cette année. En fait, lorsque le virus a été découvert en 1999 à New York, au cours de l’éclosion initiale, ils avaient aussi l'un des étés les plus chauds enregistrés. Mais si on regarde dans d'autres parties du monde, certains de ces foyers ont été liés aux vagues de chaleur et d'autres non. Il s'agit d'un facteur dont nous essayons encore de déterminer l’importance. »

Les données de l’épidémie 2012 ne sont pas encore complètes et seront analysées pour essayer de comprendre pourquoi le Virus du Nil est en recrudescence et quelles seront les prévisions pour les années à venir. Ces données seront très intéressantes, particulièrement dans le contexte des changements climatiques. Quel sera l’avenir de ce virus qui a, en un peu plus d’une dizaine d’années, conquis le continent nord-américain?

Sources :

MSSS, Ministère de la Santé et des Services sociaux : données de la province du Québec.
1 - États unis : les chiffres du Center for Disease Control : consulté le 26 octobre 2012 - chiffres en date du 23 octobre 2012
2 - Canada et Québec: chiffres de l’Agence de Santé publique du Canada consulté le 30 octobre 2012 - chiffres en date du 20 octobre 2012
3 - Météo Média : Le virus du Nil gagne du terrain au Québec
4 - Center for Disease Control: CDC Telebriefing on West Nile Virus Update
Avertissement :
Les chiffres sont susceptibles d’évoluer dans le temps puisque des cas sont encore rapportés ou déclarés à l’heure actuelle ; cependant, il est important de noter que le pic de l’épidémie est déjà passé.

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