Les coûts directs des effets de la pollution sur la santé et le bien-être des Canadiens ont été évalués à 39 milliards de dollars par an au pays, soit 4 300 $ annuellement par ménage! Par une recension des études canadiennes et internationales, l’Institut international du développement durable a établi que les répercussions associées au smog urbain se chiffraient à 36 milliards de dollars en 2015. D’autres coûts reliés à la pollution ont été répertoriés : 1 milliard de dollars pour les pathogènes dans l’eau du robinet, 300 millions pour les sols contaminés, 150 millions pour le phosphore dans les lacs… Et ces coûts pourraient bien être sous-estimés, notamment quant aux coûts associés aux changements climatiques : seuls les coûts des vagues de chaleur ont été comptabilisés, pour atteindre 1,6 milliard de dollars. M. Robert Smith, auteur du rapport, indique que « les scientifiques ne sont pas en mesure de dire en ce moment quelle est la proportion des tempêtes sévères, par exemple, qui sont attribuables aux changements climatiques. Et pour cette raison, on n’est pas en mesure de dire quels sont les coûts de ces événements ». On se doute bien, toutefois, que ces coûts pourraient se décupler au fil des ans avec l’augmentation et l’intensification des événements météorologiques extrêmes. L’Institut international de développement durable souhaiterait des données plus précises et davantage d’actions des gouvernements pour lutter contre la pollution. « Nous ne pouvons pas laisser les piètres données nous empêcher d’intervenir dans la gestion de la pollution », a signalé M. Smith.
Ouranos avait d’ailleurs publié une étude en ce sens en 2015, soulevant que l’inaction des gouvernements pourrait coûter des milliards en santé pour la société, en analysant seulement les effets de la chaleur (33 milliards entre 2015 et 2065), de certaines maladies zoonotiques (Lyme et virus du Nil — entre 744 millions de dollars entre 2015 et 2065) et de l’herbe à poux (entre 289 et 837 millions de dollars entre 2015 et 2065). Au-delà des coûts, on évalue à 20 000 décès additionnels qui seront causés par l’augmentation de la température dans les 50 prochaines années. L’étude mettait l’accent sur la nécessité de se doter de stratégies d’adaptation efficaces pour diminuer l’ampleur des impacts et réduire la facture plutôt salée qui est envisagée.
L’un des moyens d’adaptation testé dernièrement est la mise en place d’un système d’alertes téléphoniques automatisées permettant de rejoindre plus efficacement les personnes vulnérables, comme les personnes âgées, lors de chaleur accablante ou d’épisode de smog pour bien les informer des comportements à adopter. Une très forte majorité de répondants d’un projet pilote, mené en 2015-2016 dans l’agglomération de Longueuil, a déclaré être très satisfaite de la qualité des messages reçus dans le cadre de ce projet, ceux-ci ayant été perçus comme fiables, utiles et faciles à comprendre. De fait, les femmes ayant reçu les alertes « chaleur » ont beaucoup moins utilisé (- 50%) les services médicaux que le groupe contrôle. Les coûts de santé évités par ce système ont été estimés : selon les scénarios très conservateurs utilisés, notamment l’hypothèse que seulement 2,5 % des personnes de 65 ans et plus de Longueuil y adhéreraient, la mise en place du système permettrait néanmoins des économies variant de 96 972 $ à 2 800 000 $ sur 10 ans.
Il est clair que l’action rapporte gros, alors que l’inaction tue…