Transformation d'une ruelle dans Cartierville (Montréal). Les bénéfices? Réduction de l'îlot de chaleur, meilleure gestion des eaux pluviales, diminution de la criminalité et meilleure cohésion du voisinage. Un projet de Ville en vert, financé en partie par le Fonds vert.
Le Fonds vert est dans la tourmente. Depuis une semaine, les articles dans les quotidiens font état de « gâchis », d’un « immense gaspillage de ressources », de « programmes […] tout bonnement inefficaces »… Le constat est dur, et ce n’est pas la première fois que le tollé est soulevé. On reproche aux actions menées de peu réduire les émissions de gaz à effet de serre. Soit, le financement n’a peut-être pas les effets escomptés sur la réduction des GES et un examen en profondeur est nécessaire.
On semble toutefois oublier que le Plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques porte non seulement sur la réduction des GES, mais aussi sur l’adaptation de la population aux changements climatiques. En ce sens, l’Institut national de santé publique du Québec travaille avec des dizaines d’organismes, municipalités et universités depuis plusieurs années en recherche et en intervention à ce sujet.
Parmi les projets développés grâce au Fonds vert, notons les suivants :
- Plus d’une quarantaine de projets de lutte contre les îlots de chaleur urbains, ayant permis entre autres de végétaliser des ruelles et des cours d’école, de créer des places fraîcheur, d’améliorer l’environnement bâti par le biais de toiture verte et de revêtements de bâtiments (toitures et murs) plus pâles, dont le projet ILEAU et le projet Milieux de vie en santé;
- Création d’un site web de référence consacré à l’adaptation en santé aux changements climatiques qui permet à tous de savoir et voir ce qui est efficace pour diminuer les risques;
- Création, avec l’Université Laval, d’un Observatoire de l’adaptation aux changements climatiques, qui étudie entre autres les comportements d’adaptation à la chaleur et aux inondations et permettra de suivre nos progrès dans le temps;
- Différentes études et revues portant sur l’interaction entre les médicaments et la chaleur, l’habitation, la santé et les changements climatiques, les zoonoses en contexte de changements climatiques, etc. et qui servent à tous les jours aux cliniciens et aux gestionnaires;
- Création, en 2010, d’un système de veille et d’avertissement des aléas météorologiques afin de soutenir les établissements de soins et les directions de santé publique du Québec, pour mieux intervenir pour les aléas comme les vagues de chaleur, de froid, les inondations, les incendies de forêt, le smog et les tempêtes;
- D’autres projets de recherche, dont l’INSPQ est partie prenante, devrait permettre d’approfondir les connaissances en matière de besoins psychosociaux reliés aux aléas des changements climatiques, les espaces verts et leurs impacts sur les inégalités sociales et la santé mentale, ou encore de l’agriculture urbaine comme moyen de résilience face aux changements climatiques.
Certes, ces projets ne se traduisent pas en tonnes de GES réduites, mais ils ont un impact direct sur les populations et les services de santé. Ils permettent au réseau de la santé d’être mieux préparé aux aléas des changements climatiques, apportent des connaissances sur les impacts sanitaires et procurent des bénéfices à la communauté, les projets de verdissement favorisant notamment les saines habitudes de vie et la cohésion sociale.
Pourrait-on faire mieux? Certainement… Mais considérant le mince budget du Fonds vert dédié à l’adaptation santé aux changements climatiques, chaque dollar investi rapporte beaucoup… Alors il faut possiblement penser à mieux répartir les budgets du Fonds vert entre l’adaptation et la réduction des GES, pour mieux verdir, prévenir les inondations et se préparer aux effets actuels et futurs des changements climatiques.