Adaptation - Ressources et maladies hydriques
Les impacts santé de l’eau dans un contexte de changements climatiques
Les changements du climat auront sans doute des effets sur la fréquence et l’ampleur
des maladies causées par l’eau. On pense par exemple aux fortes pluies, qui
seront de plus en plus fréquentes. Toutefois, pour l’instant, on ne peut pas
prédire de façon précise quels seront ces effets. Les facteurs qui causent
les éclosions de ces maladies sont très variés (équipements inadéquats des
usines de traitement de l’eau potable, notamment) sont encore très peu étudiés.
Le Québec dispose toutefois de bons mécanismes de réaction aux cas d’urgence. D’autres mesures sont également en place :
- activités de surveillance;
- activités de formation et d’éducation;
- diverses lois et politiques.
Cela dit, divers observateurs disent qu’il est nécessaire de renforcer le rôle des systèmes d’information et des nouvelles technologies. Cette démarche est d’ailleurs en cours de réalisation au sein du PACC – volet santé. À la demande du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) du Québec, on mettra aussi sur pied un système de surveillance et de suivi des conséquences des aléas d’ici 2012.
La gestion par bassins versants est également en voie de réalisation. Elle permettra d’assurer une gestion de l’eau par écosystème.
Dans le contexte des changements climatiques, il faut préserver la quantité et la qualité des ressources en eau du Québec. Plusieurs initiatives majeures d’adaptation sont déjà instaurées ou le seront bientôt. Par exemple :
- le Règlement sur la qualité de l’eau potable adopté après l’éclosion de Walkerton;
- les programmes de recherche et de développement sur les méthodes de traitement de l’eau potable, qui sont déjà implantés dans plusieurs universités québécoises;
- l’amélioration des moyens de détection des épidémies et des maladies infectieuses (cette amélioration est prévue dans le Plan d’action 2006-2012 du gouvernement du Québec).
Certains chercheurs estiment que les maladies causées par l’eau et les intoxications alimentaires représentent le plus important problème sanitaire de la planète. Au Québec, le Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses de l’Agence de la santé publique du Canada mène une étude en collaboration avec l’INSPQ. Cette étude souhaite définir les effets des changements climatiques en ce qui concerne la gastroentérite. On veut savoir comment ils influencent la vulnérabilité de la population aux maladies causées par l’eau ou aux intoxications alimentaires, surtout dans le milieu rural.
Infrastructures de l’eau potable et eaux usées dans un contexte de changements climatiques
Ouranos a publié un rapport intitulé « Savoir s’adapter aux changements climatiques ». Selon ce rapport, les infrastructures québécoises représentent un investissement collectif considérable. Par exemple, le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire (MAMROT) estime que les infrastructures souterraines d’eau potable et d’eaux usées valent environ 60 milliards de dollars.
Les infrastructures sont essentielles au bien-être et à la santé des collectivités. Elles comprennent les réseaux de transport, de communication et d’énergie. Elles incluent aussi les infrastructures municipales comme les systèmes d’approvisionnement en eau potable et de traitement des eaux usées.
Or la majorité des infrastructures construites dans les dernières décennies ont été conçues selon des critères tenant compte du climat passé. Toutefois, avec les changements climatiques, on ne peut plus dire que les conditions climatiques passées sont représentatives des conditions futures. Cela soulève des questions au sujet de la sécurité et de l’efficacité des infrastructures. En général, leur durée de vie est de plusieurs décennies, période pendant laquelle les effets des changements climatiques se feront sentir.
Dans le domaine de l’approvisionnement en eau potable, on peut envisager des solutions liées aux infrastructures. Voici quelques-unes des mesures possibles :
- la réhabilitation ou la relocalisation de certaines prises d’eau (par exemple, en colmatant les fuites);
- la réduction des volumes d’eau perdus dans le réseau;
- l’augmentation des capacités de réserve;
- l’amélioration de la gestion (par exemple, programme d’économie d’eau).
On prévoit une augmentation des événements de pluie intense. Cela risque
d’entraîner une augmentation des débordements de réseaux, des refoulements,
voire des inondations. On sait aussi que les infrastructures sont vieillissantes.
Certains chercheurs proposent toutefois des moyens de limiter les conséquences
négatives des fortes pluies :
- Réviser les critères de conception des infrastructures et des édifices;
- Utiliser autrement les statistiques de pluie intense au moment de la conception des infrastructures;
- Faire une meilleure gestion des eaux de pluie. Par exemple, en favorisant la pénétration de l’eau dans le sol. Pour ce faire, on peut entre autres utiliser des matériaux poreux pour recouvrir le sol, au lieu des matériaux imperméables comme le bitume.
Consignes de santé publique pendant et après un avis de faire bouillir l’eau
En cas de contamination de l’eau par des microbes, on émet un avis de faire bouillir l’eau avant de la consommer. Cet avis joue un rôle important pour la protection de la santé publique.
Quand cet avis est en vigueur, on recommande de suivre des consignes pour préparer les aliments et les breuvages. D’autres consignes s’appliquent aussi à l’hygiène personnelle. On conseille entre autres d’utiliser de l’eau bouillie ou embouteillée pour se brosser les dents et se rincer la bouche. D’autres encore concernent le lavage de la vaisselle ou d’autres usages de l’eau. Par exemple, il faut éviter de remplir la pataugeoire des enfants avec de l’eau du robinet.
Dès que l’avis d’ébullition est levé, il faut encore prendre quelques précautions avant de consommer l’eau. On conseille d’ouvrir tous les robinets d’eau froide et de laisser couler l’eau pendant une minute (ou jusqu’à ce qu’elle devienne froide) avant de l’utiliser. On doit suivre la même procédure pour les fontaines (buvettes). On conseille aussi de purger les robinets extérieurs comme les tuyaux d’arrosage.
Pour plus de détails, consultez le document
L’avis de faire bouillir l’eau. La protection de la santé avant tout, disponible sur le site du Ministère de la santé et des services sociaux.
Une meilleure gestion et surveillance
Il faut s’adapter à la baisse possible des ressources en eau. Une des solutions est de resserrer la gestion de l’eau potable pour réduire la demande ou en freiner la croissance. Les municipalités ont une part de responsabilité. Elles doivent entretenir de façon adéquate les réseaux de distribution d’eau potable. Cela leur permettra de détecter les fuites, qu’elles pourront colmater pour réduire le volume d’eau à produire.
Pendant les périodes critiques, il faut mettre en place des programmes pour sensibiliser la population et restreindre l’utilisation de l’eau potable. De plus, les citoyens sont appelés à préserver l’eau potable par divers gestes quotidiens. Par exemple :
- fermer le robinet en se brossant les dents ;
- réduire le débit des robinets et de la douche;
- limiter l’arrosage de la pelouse.
Des gestes peuvent aussi contribuer à réduire la contamination des eaux :
- éviter d’utiliser des produits chimiques dangereux à usage domestique ;
- ne pas jeter certains déchets dans les égouts (par exemple, soie dentaire, nourriture) ;
- ne pas utiliser de pesticides.
Par ailleurs, pour prévenir les maladies causées par l’eau, il faut respecter de façon rigoureuse les avis publics. De plus, lorsqu’on doute de la qualité de l’eau, il faut prendre les précautions suivantes :
- faire bouillir l’eau ou boire de l’eau en bouteille achetée dans un commerce;
- utiliser uniquement des glaçons fabriqués avec de l’eau purifiée.
Notons aussi que l'INSPQ a produit le document Eau et santé - Examen des initiatives actuelles d’adaptation aux changements climatiques au Québec. Cette étude évalue les mesures d’adaptation actuelles aux impacts prévus du changement climatique sur la qualité et la quantité de l’eau, et qui pourraient avoir un effet sur la santé publique au Québec.
Consignes de santé publique relatives à la Légionnellose
Santé Canada signale sur son site Internet que les bactéries Legionella se retrouvent dans les réserves d’eau. On peut devenir infecté en aspirant des gouttelettes en suspension dans l’air ou de la vapeur contenant la bactérie. On a déterminé plusieurs causes précises pour expliquer des éclosions et des cas isolés d’infections aux Legionella :
- les systèmes de distribution d’eau (douches, par exemple);
- les appareils d’inhalothérapie (dans les hôpitaux);
- les baignoires à remous et les cuves thermales;
- les humidificateurs;
- les tours de refroidissement des gros systèmes de conditionnement d’air (par exemple, dans les hôtels, les hôpitaux, etc.).
Il est difficile de réduire les risques encourus dans les gros immeubles comme les hôtels et les hôpitaux. En effet, il est impossible de prévoir où et quand la bactérie sera présente. La meilleure façon de contrôler le risque d’infection réside dans une combinaison de plusieurs stratégies. Il faut à la fois avoir bonnes pratiques d’exploitation et d’entretien des immeubles et de bonnes directives de prévention des infections.
À la maison, on peut réduire les risques en s’assurant que tous les appareils dégageant des gouttelettes d'eau sont bien entretenus. Cela inclut les pommes de douche, les cuves thermiques, les baignoires à remous et les humidificateurs. Il faut aussi nettoyer et désinfecter régulièrement ces appareils conformément aux instructions de leur fabricant.
Informations complémentaires
Les liens et documents suivants vous permettent d'en apprendre davantage sur les
ressources hydriques et les changements climatiques.
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Changements
climatiques au Québec méridional - Approvisionnement en eau potable et santé publique
: projections climatiques en matière de précipitations et d’écoulements pour le
sud du Québec - Résumé
Cette étude de l'INSPQ analyse les projections climatiques de certaines variables
susceptibles de modifier les volumes et la qualité des eaux de surface. Deux variables
ont été analysées : les précipitations et les écoulements mensuels, deux composantes
clés qui détermineront l’évolution future des conditions hydrologiques des eaux
de surface.
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Changements
climatiques au Québec méridional - Analyse de la vulnérabilité des installations
québécoises de production d’eau potable aux cyanobactéries toxiques - Résumé
Les cyanobactéries sont des bactéries photosynthétiques naturellement présentes
dans les écosystèmes d’eau douce et d’eau marine de la planète; ce ne dont pas des
algues, malgré leur appellation d’algues bleu-vert ou d’algues bleues. Depuis des
millions d’années, ces micro-organismes ont été intimement associés au développement
de la vie sur la Terre puisqu’ils ont contribué à enrichir l’atmosphère terrestre
en oxygène. Le problème environnemental particulier engendré par les cyanobactéries
depuis les années 1990 résulte d’une prolifération excessive dans les eaux de surface
(étangs, lacs et cours d’eau), causée principalement par des apports excédentaires
de substances nutritives comme l’azote, mais surtout le phosphore. Dans ce contexte,
les installations de production d’eau potable s’approvisionnant en eau de surface
pourraient être vulnérables aux proliférations de cyanobactéries en laissant passer
dans le réseau de distribution d’eau (aqueduc) les cellules entières de cyanobactéries
ou leurs toxines. Le rapport complet est disponible sur le site d'Ouranos.
-
Eau et santé - Examen des initiatives actuelles d’adaptation aux
changements climatiques au Québec
Cette étude de l'INSPQ évalue les mesures d’adaptation actuelles aux impacts prévus
du changement climatique sur la qualité et la quantité de l’eau, et qui pourraient
avoir un effet sur la santé publique au Québec.
-
Eau et santé - Examen des initiatives actuelles d’adaptation aux
changements climatiques au Québec
Extrait de l'émission Les Années lumière à la radio de Radio-Canada, intitulé
Fleuves en péril. De moins en moins de fleuves coulent jusqu’à la mer,
rapporte la section internationale du Fonds mondial pour la nature. L’organisme
trace un portrait assez désolant des bassins hydrographiques dans le monde, sérieusement
menacés par le réchauffement climatique, les barrages, la surpêche et le pompage
excessif.
PACC – Volet santé
Le Plan d’action 2006-2012 sur les changements climatiques (PACC) du gouvernement du Québec a pour titre Le Québec et les changements climatiques, un défi pour l’avenir. Il met à contribution plusieurs ministères et organismes québécois. Le financement de 26 actions est assuré en grande partie par le Fonds vert. Il s’agit d’un fonds constitué par le paiement de redevances sur les carburants (essence) et les combustibles fossiles. Ces actions s’articulent autour de deux grands objectifs :
- Réduire ou éviter l’émission de gaz à effet de serre;
- S’adapter aux changements climatiques.
Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) est responsable du volet santé de l’Action 21. On souhaite trouver des moyens de prévenir et d’atténuer les effets des changements climatiques sur la santé. Le MSSS s’est engagé, d’ici 2013, à œuvrer dans six champs d’action liés à l’adaptation du Québec aux changements climatiques. Chacun de ces champs d’action compte plusieurs projets. Ce sont des projets de recherche ou d’intervention, ou encore des projets de démonstration.
Voici les six champs d’action retenus par le MSSS :
- Mettre en place un système de veille et d’avertissement en temps réel pour les vagues de chaleur. En même temps, mettre en place un système de surveillance des problèmes de santé qui y sont liés;
- Adapter le système de surveillance des maladies infectieuses. Le but est de détecter rapidement les maladies favorisées par le climat, de même que leurs causes et leur mode de transmission;
- Mettre en place un système de surveillance des problèmes de santé liés aux aléas hydrométéorologiques (tempêtes, orages et pluies torrentielles, tornades, incendies de forêt, inondations, etc.) ou géologiques (glissements de terrain);
- Aider le réseau de la santé à s’adapter à ces aléas. On souhaite ainsi protéger les populations les plus vulnérables;
- Soutenir l’aménagement préventif des espaces habités. Le but est d’atténuer les conséquences des changements climatiques sur la santé des populations vulnérables;
- Améliorer la formation et la diffusion des connaissances sur les problèmes de santé liés aux changements climatiques. Transmettre de l’information sur les solutions possibles.
En novembre 2007, le MSSS a confié à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) le mandat de gérer le volet santé de l’Action 21. L’INSPQ coordonne l’ensemble des projets indiqués ci-dessus, offre un soutien professionnel au MSSS et s’occupe des relations avec les partenaires.