LES IMPACTS PSYCHOSOCIAUX LIÉS AUX ALÉAS CLIMATIQUES

Que l’on pense aux désastres naturels comme les ouragans, les inondations ou les glissements de terrain, ou encore aux longues sécheresses, la santé peut être affectée de manière directe et indirecte. Les blessures physiques comme les impacts psychosociaux sont d’importantes conséquences associées aux aléas climatiques. Le GIEC reconnaît d’ailleurs que certains  évènements météorologiques extrêmes peuvent avoir des conséquences pour la santé mentale et le bien-être des individus.

Les effets sur la santé mentale sont cependant plus difficiles à mesurer et à analyser que les impacts physiques. De plus, les changements climatiques peuvent affecter divers déterminants de la santé (emploi, services de santé, milieu de vie, etc.) et ainsi causer d’autres impacts psychologiques indirects.

Impacts psychosociaux et aléas climatiques

Les impacts psychosociaux des changements climatiques peuvent être regroupés en trois catégories, soit les effets directs, indirects et d’ordre social. Une revue de la littérature recense certains effets psychologiques associés aux désastres naturels et aux changements climatiques. Diverses études ont ainsi pu mettre en évidence les effets ci-dessous :

Tableau : Catégories des impacts psychosociaux

Effets directs

Effets indirects*

Impacts sociaux et communautaires

Trouble de stress post-traumatique

Incertitude

Violence (en lien avec la chaleur)

Dépression

Détresse émotionnelle

Conflits (compétition pour les ressources, migrations humaines)

Problèmes de consommation de drogues et d’alcool

Anxiété

Bris des réseaux sociaux (en lien avec les pertes d’emploi, de proches)

Suicide

Émotions dépressives comme la culpabilité, le désespoir

Perte des bienfaits psychologiques associés à la nature et à un environnement sain

* Réponse émotionnelle aux images de dégradation environnementale et aux impacts des changements climatiques véhiculés dans les médias et dans la société.

Les effets psychologiques sont souvent étudiés en rapport à des évènements extrêmes en particulier, comme les innondations, les ouragans ou les glissements de terrain.Par exemple, les longues vagues de chaleur sont souvent associées à une augmentation de la mortalité, des homicides, des suicides, des agressions physiques et de la violence conjugale.

Une étude québécoise sur la période 1995-2007 montre une augmentation de 9% des consultations à l’urgence avec l’augmentation de la température entre 20 et 25°C , des études européennes ont trouvé des résultats similaires . Des études montrent enfin une relation entre l’augmentation de la température et la hausse des agressions et de la violence . Les inondations sont aussi des évènements souvent traumatisants qui peuvent occasionner des impacts psychosociaux importants.

  • Une partie importante de la communauté, environ une personne sur cinq, souffrira des effets associés au stress intense, de blessures émotionnelles et de désespoir suite à un évènement météorologique extrême. Un climat plus hostile pourrait augmenter l’incidence de troubles de stress post-traumatique, d’anxiété et de dépression, causant des souffrances personnelles et occasionnant des coûts économiques et sociaux.

  • Les impacts psychologiques liés aux désastres peuvent subsister pendant plusieurs mois, voir plusieurs années, affectant des familles entières et nuisant au bien-être de la communauté. Des études commencent à démontrer que les sécheresses et les canicules augmenteraient les taux de suicide et d’automutilation jusqu’à 8 %.

  • Les déplacements et relocalisations qui auront lieu en raison des variations climatiques risquent d’accroître le stress et les tensions entre les nouveaux arrivants et leur communauté d’accueil. La perte du sentiment d’appartenance, particulièrement pour les peuples autochtones, peut être un poids supplémentaire néfaste pour la santé mentale.

  • Les enfants sont particulièrement vulnérables en ce qui concerne l’anxiété précédant les désastres et les troubles post-traumatiques.

Surveillance des impacts psychosociaux


Surveillance des impacts psychosociaux  les changements climatiques

Dans le contexte de la mise sur pied d’un système de surveillance des impacts sanitaires des aléas climatiques, dans le cadre du PACC – volet santé, une analyse critique d’articles scientifiques portant sur les impacts psychosociaux des aléas climatiques a été effectuée. Cette analyse montre que près des deux tiers des aléas étudiés sont des ouragans et des inondations et que la majorité des études proviennent des États-Unis.

L’ensemble des études permet de conclure que les caractéristiques psychosociales mesurées sont principalement les effets psychologiques associés à l’exposition à un aléa, le trouble de stress post-traumatique étant la caractéristique la plus fréquemment mesurée.

Cependant, la grande majorité des études s’appuie sur des devis ne permettant pas d’établir des liens de causalité. Parmi les études répertoriées, peu d’entre elles évaluent les impacts sur les personnes âgées. Enfin, les études ont utilisé 181 instruments de mesure des impacts psychosociaux différents (questionnaires, tests, échelles, etc.).

Il est important de mentionner que les impacts psychosociaux varient au sein même des populations exposées aux aléas climatiques. Certains groupes sont en effet plus vulnérables que d’autres et, bien que la durée, le type et la proximité des évènements extrêmes soient des facteurs déterminants dans l’apparition de problèmes de santé mentale, d’autres facteurs doivent être considérés. L’âge, le genre, la race, le niveau de revenu, la profession (entre autres pour les secouristes) et l’incapacité physique peuvent être des facteurs de risques supplémentaires.

Certains groupes sont plus à risques en ce qui concerne les troubles psychosociaux : les femmes, les enfants, les personnes âgées, les personnes démunies, les minorités ethniques et raciales, les personnes ayant des antécédents d’instabilité émotionnelle, etc.  Par exemple, dans une étude prospective australienne, les impacts d’une inondation sur la santé mentale de personnes âgées de 60 ans et plus ont été analysés. Les individus personnellement affectés (21.2 %) par l’inondation rapportaient significativement plus de symptômes de stress post-traumatique que ceux qui ne l’étaient pas (78.8 %).

De plus, les individus touchés rapportaient une plus grande augmentation de l’anxiété suivant l’inondation. Les facteurs de risque contribuant à une moins bonne santé mentale et physique étaient l’ampleur de l’exposition à l’inondation et la faiblesse du support social.