Ouragans
Plus d'épisodes à prévoir
Au Québec, comme ailleurs dans le monde, les scénarios climatiques prévoient une fréquence plus élevée et une intensité plus forte de certains événements météorologiques extrêmes incluant entre autres les ouragans251.
Bien que ceux-ci soient quasi inexistants au Québec à cause de sa situation géographique, il peut arriver que l'extrême est du Québec et les Maritimes soient frappés par les vestiges d'un ouragan252.
De nombreuses régions côtières feront face à un risque accru d’événements météorologiques extrêmes, comme des ondes de tempête plus fortes et la diminution de la glace de mer en hiver qui protège les côtes.
Les conséquences des événements météorologiques extrêmes comme les ouragans incluent les dommages aux structures physiques et les individus, sinistrés et intervenants, en subissent les impacts physiques et psychiques à court et long terme253. Le déplacement des populations touchées, la gravité des atteintes à la santé, les couvertures d’assurances, les pertes matérielles sont autant de causes qui peuvent entraîner des séquelles psychologiques.
De 1951 à 2000, les provinces maritimes, l’Ontario et le Québec ont connu 16 tempêtes violentes issues d’ouragans, pendant que la Colombie-Britannique en subissait 2 qui découlaient de typhons. Ces tempêtes ont causé d’importants dommages et la mort de 137 personnes254.
Qu'est-ce qu'un ouragan?
L'ouragan, ou
cyclone tropical, se forme principalement lors de conditions chaudes et humides255. IIl se définit comme une tempête dotée d’un centre dépressionnaire et d’orages qui charrient des vents violents et d’énormes quantités d’eau en très peu de temps256. Il peut aussi donner naissance à de hautes vagues, à des ondes de tempête dévastatrices, voire à des tornades. Enfin, les climatologues ne savent pas encore jusqu’à quel point les ouragans régissent la chaleur de la terre, mais il semble que 80 à 85 % d’entre eux y jouent un rôle256.
L’ouragan naît lorsque les vents excèdent 118 kilomètres à l’heure (km/h)257. Avant ce stade, on parle de dépression tropicale, si la zone orageuse développe un mouvement de rotation et des vents d’au moins 37 km/h, ou de tempête tropicale quand des vents soutenus s’amplifient jusqu’à 63 km/h ou plus. Les tempêtes tropicales peuvent déverser de 100 à 200 millimètres (mm) de pluie; les ouragans, plus de 200 mm.
Les dommages et les inondations que l’ouragan risque de causer en atteignant les côtes sont mesurés à l’aide de l'échelle de
Saffir-Simpson257. Cette échelle est constituée
de cinq catégories d’intensité des ouragans, soit :
- la catégorie 1, laquelle correspond à des vents de plus (>) de 118 km/h et des
ondes de tempête d’au moins (≥) 1,2 mètre (m);
- la catégorie 2, à des vents > 152 km/h et des ondes de tempête ≥ 1,8 m;
- la catégorie 3, à des vents > 176 km/h et des ondes de tempête ≥ 2,7 m;
- la catégorie 4, à des vents > 209 km/h et des ondes de tempête ≥ 4,0 m;
- la catégorie 5, à des vents > 251 km/h et des ondes de tempête ≥ 5,5 m.
Les ouragans se forment lorsque l’air chaud et humide se déplace à la surface de l’océan; la vapeur d’eau monte dans l’atmosphère pour se refroidir et se condenser en gouttes d’eau. La condensation libère ensuite la chaleur dans l’atmosphère et allège l’air. L’air réchauffé continue à monter, et l’humidité de l’océan prend sa place et augmente la vitesse du vent255.
Les ouragans au Canada
Plus de 600 vies ont été fauchées par de telles tempêtes au Canada depuis 1900256. Au cours de la période 1901-2000, 351 tempêtes distinctes (tous types confondus) ont traversé le pays, dont 31 au Québec258. Parmi ces tempêtes :
- 173 atteignaient la force d’un ouragan, soit 89 de catégorie 1; 57 de catégorie
2; 22 de catégorie 3 et cinq de catégorie 4259;
- 216 sont survenues de 1951 à 2000, incluant 63 ouragans de catégorie 1; 29 de catégorie
2; 10 de catégorie 3 et quatre de catégorie 4259;
- Au cours de ces 50 années, l’Ontario, le Québec, la région Atlantique et la Colombie-Britannique
ont connu 18 catastrophes découlant de cyclones tropicaux (typhons et ouragans),
lesquels ont entraîné d’importants dommages et causé 137 décès254.
L’ouragan Juan (2003) est toutefois un rare exemple d’ouragan ayant touché le pays (la côte de la Nouvelle-Écosse), avec la presque totalité de ses caractéristiques tropicales260, tout comme Alex (2004), le premier ouragan de taille en plus de 20 ans (de catégorie 3 à son arrivée dans les eaux canadiennes), et dont les vents soutenus de 180 km/h se sont avérés 50 % plus destructifs que ceux de Juan257.
Chaque année, trois ou quatre tempêtes tropicales menacent le Canada ou ses eaux territoriales, fréquence qui pourrait augmenter en raison des changements climatiques254. Ces tempêtes se déplacent selon une trajectoire qui suit normalement la côte est ou traverse l’est des États-Unis. Certaines tempêtes violentes d’automne et d’hiver (cyclones extratropicaux) touchent toutefois la Colombie-Britannique une fois ou deux par année.
Impacts sanitaires
Même les ouragans de catégorie 1 peuvent avoir des conséquences sur la santé humaine, voire mortelles dans certains cas261. On peut qualifier ces impacts de directs ou indirects253. Les impacts directs sont ceux provenant directement de la force de l'ouragan, comme les décès et les blessures lors de l’aléa. Les impacts indirects incluent des conséquences liées à l'évacuation, à la perte d'électricité, aux conditions malsaines, et insalubres lors de la préparation à l'ouragan ou après, ainsi qu'à la perte de l'accès aux soins de santé et aux moyens de transport.
Il semble que le plus grand nombre de décès soit directement occasionné par les catastrophes secondaires déclenchées par l’ouragan (p. ex., une crue éclair, une onde de tempête), suivis des décès attribuables à ses vents violents (p. ex., des décès dus à l’effondrement des structures). Ainsi, aux États-Unis, de 1970 à 1999, 60 % des décès dus aux cyclones tropicaux étaient le résultat des inondations engendrées par de fortes pluies262.
Les décès semblent survenir surtout pendant la phase d’impact, soit près d’un plan
d’eau263, dans un véhicule moteur264, une structure permanente261 ou mobile263. Toutefois, les autres phases peuvent également s’avérer fatales,
notamment lors des travaux de préparation à l’ouragan263.
Les décès semblent principalement causés par la noyade265, des troubles cardiaques266 et des blessures (en
raison d’une chute pouvant être attribuable au manque d’électricité, d’un accident
de la route, de la chute d’un arbre)266. Parmi les autres
causes de décès, on relève les intoxications au monoxyde de carbone, les électrocutions
et des incendies dus, entre autres, à l’utilisation d’une bougie266.
Les raisons de consultation médicale sont très diversifiées. Selon le Centers for Disease Control and Prevention, elles incluent principalement
des maladies gastro-intestinales267, des blessures268 et des maladies respiratoires269, puis dans une moindre
mesure, diverses maladies chroniques comme les maladies cardiovasculaires267, des maladies vectorielles telle l’infection au virus du Nil occidental270, des troubles dermatologiques268,
des troubles mentaux268, des intoxications271, des maladies
infectieuses (comme la tuberculose)272, des douleurs ou maux de
tête268, des symptômes neurologiques, des troubles obstétriques, l’hypothermie273, et le renouvellement d’ordonnances268.
Qui est vulnérable?
La vulnérabilité des individus aux événements météorologiques extrêmes comme les ouragans
peut être présentée selon trois caractéristiques principales274,
soit :
- La sensibilité individuelle, comme l'âge et le genre : les gens âgés d'au moins 40 ans263 apparaissent plus à risque de décéder lors d’un ouragan que leurs cadets, de même que les hommes par rapport aux femmes261, mais qui reflètent possiblement des expositions accrues.
- Le lieu de résidence ou de travail : au Canada, les tempêtes se déplacent selon une trajectoire qui suit normalement la côte est ou traverse l’est des États-Unis254.
- La localisation et le comportement lors de l’impact : par exemple, lors d’un ouragan, les personnes se trouvant dans une maison mobile263, celles dont la résidence passe au feu en raison d’une utilisation inadéquate des bougies lors d’une panne d’électricité266.
Pour plus de détails, visitez la section Ma Région, qui identifie les risques pour chaque région du Québec.
S'adapter
Afin de protéger la population et ainsi réduire la vulnérabilité de la société, il faut mettre en place des stratégies d'adaptation ciblant les divers groupes vulnérables. L'adaptation aux ouragans passe principalement par le développement de systèmes de surveillance et d'avertissements, et par l’éloignement des zones côtières.
Par exemple, le Centre canadien de prévision des ouragans, régi par Environnement Canada, assure la veille et transmet les avertissements de tempêtes tropicales ou d'ouragans ainsi que leur trajectoire.
Le ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile du Canada (SPPCC) et Environnement Canada proposent aussi des conseils pratiques utiles à la population, en réponse aux tempêtes hivernales et aux temps violents d’été pouvant survenir, tels que les orages, les tornades et les ouragans.
Pour plus de détails, visitez la section M'adapter,
qui identifie les différentes façons de s'adapter face aux ouragans et de ralentir
les changements climatiques.
Informations complémentaires
Les liens et documents suivants vous permettent d'en apprendre davantage sur les
ouragans.
Les différentes appellations du cyclone tropical
Le nom d’un cyclone tropical varie selon le bassin océanique d’où il provient1. Ainsi, on le nomme « ouragan » s’il est issu de l’océan Atlantique
Nord ou du nord-est du Pacifique; « typhon », s’il provient du nord-ouest de l’océan
Pacifique; « forte tempête cyclonique », s’il balaie le nord de l’océan Indien;
« cyclone tropical », s’il se forme au sud-ouest de l’océan Indien; « puissant cyclone
tropical », s’il vient du sud-est de l’océan Indien ou du sud-ouest de l’océan Pacifique.
Dans ce texte, nous référerons indifféremment aux termes « ouragan », « tempête
tropicale » et « cyclone tropical ».
Références :
L'échelle de Saffir-Simpson
Conçue pour les latitudes australes, l’échelle de Saffir-Simpson n’a pas fait ses
preuves au Canada, où on met en doute son utilité, notamment en raison de l’expérience
vécue en 2003 durant l’ouragan Juan1. Lors de ce dernier, les vents,
marginaux, étaient de catégorie 2, alors que les dommages aux arbres correspondaient
plutôt à des vents de catégorie 3. En fait, pour mesurer les cyclones tropicaux,
on utilise généralement la force de leurs coups de vent, lesquels peuvent être restreints
en superficie (< 100 km) ou de très grande envergure (> 1 000 km)2.
Cette mesure n’a aucun rapport avec celle de l’intensité, comme démontré par les
ouragans Andrew (1992) et Floyd (1999), tous deux de catégorie 4 même si le premier
balayait une plus grande superficie sur son passage que le second.
Références :
Les cyclones tropicaux de style canadien
La plupart des cyclones tropicaux de style canadien sont des systèmes atmosphériques
à mi-chemin entre le cyclone tropical (tempêtes types entre le 8° et le 15° de latitude
de part et d’autre de l’équateur) et le cyclone extratropical (tempêtes types des
latitudes moyennes: entre le 30° et le 60° de latitude de part et d’autre de l’équateur).
On nomme ces systèmes des cyclones en « transition extratropicale » (connus au Canada
comme étape post-tropicale) ou TE parmi les météorologues1. Les TE sont
les types de tempêtes les plus imprévisibles, souvent égales sinon pires que leur
version tropicale antérieure. Hazel – le plus connu de ces ouragans canadiens qui
n’en sont pas vraiment – a causé 81 décès et plus de 7 400 évacuations en 1954, au
Québec et en Ontario2.
Références :