Le gouvernement provincial a lancé en grandes pompes, le 23 octobre dernier, la Politique gouvernementale de prévention en santé, un projet qui avait débuté en 2012 sous le règne du précédent gouvernement. Le gouvernement actuel part du constat que « le Québec doit relever de grands défis en matière de santé, notamment dans le contexte où le portrait sociodémographique évolue et où les écarts de santé persistent entre différents groupes de la société. » Ainsi, par l’adoption de cette Politique, qui doit être appuyée par un Plan d’action d’ici un an (octobre 2017), selon ce qu’a annoncé la ministre Lucie Charlebois, le gouvernement entend « agir sur un ensemble de facteurs en vue d’améliorer l’état de santé et la qualité de vie de la population du Québec et de réduire les inégalités sociales de santé ».
La Politique identifie la question des changements climatiques comme un enjeu « dont les aléas sont en croissance au Québec et peuvent avoir des répercussions considérables sur la santé de la population, la qualité de vie et les écosystèmes (ex. : vagues de chaleur, inondations, glissements de terrain, érosion, contamination de l’eau et de la nourriture, maladies transmises par des insectes). » C’est principalement dans l’Orientation 2 de la Politique, l’aménagement de communautés et de territoires sains et sécuritaires, que se retrouve l’adaptation aux changements climatiques. En effet, il est fait mention de cette question lorsque la politique de l’air, la mobilité durable et la gestion des risques est abordée.
La Politique propose certaines autres recommandations qui auront un impact sur les effets des changements climatiques sur la santé des populations. L’aménagement d’espaces naturels est évoqué pour « Favoriser l’accès de l’ensemble de la population à des activités et à des installations extérieures et intérieures contribuant à l’adoption et au maintien d’un mode de vie physiquement actif en toute saison », ce qui a aussi pour conséquence, lorsque jumelé avec un verdissement important, de réduire les effets à la santé causés par les îlots de chaleur urbains, exacerbés par les changements climatiques.
Lorsque la Politique se dote comme objectif « d’outiller le milieu municipal afin qu’une analyse des effets potentiels sur la santé soit intégrée de façon plus systématique dans les démarches de planification territoriale », on en déduit que les effets des changements climatiques sur la santé devront être considérés par les municipalités.
L’agriculture urbaine, mentionnée dans l’orientation 3, a non seulement pour bénéfice de réduire les déserts alimentaires, mais aussi, encore une fois de lutter contre les îlots de chaleur urbains.
Enfin, lorsqu’on indique souhaiter améliorer les conditions de vie des peuples autochtones, dans l’Orientation 3, on parle aussi d’adaptation aux changements climatiques, alors que ces populations peuvent être particulièrement touchées, notamment dans le Grand Nord québécois.
La Politique est assortie de neuf cibles. La question des changements climatiques se retrouve dans la cible, très vaste de « Faire en sorte que 90 % des municipalités de 1000 habitants et plus adoptent des mesures afin d’aménager des communautés favorables à la sécurité et à la mobilité durable, aux saines habitudes de vie ainsi qu’à la qualité de vie de leurs résidents. »
La mise en œuvre de cette Politique sera intéressante à suivre, pour éviter que les objectifs spécifiés ne se transforment en vœux pieux. Au total, il aura donc fallu attendre cinq ans pour que ce plan de prévention voie le jour…
Pour consulter la Politique : Politique gouvernementale de prévention en santé.