
Le 8 mars dernier, comme toutes les années depuis 1975, la Journée internationale des femmes a été célébrée ici comme à l’étranger. C’est donc un moment propice pour mettre de l’avant les constats qui émergent lorsqu’on associe les changements climatiques et les femmes, mais aussi les réalisations qu’elles accomplissent concernant cette problématique mondiale.
Vulnérabilité dans les pays en développement
L’Organisation des Nations unies (ONU) a documenté l’impact des changements climatiques pour les femmes de ces pays, et a identifié que les femmes y sont plus vulnérables...
Selon les données de l’ONU1, les femmes sont très majoritairement responsables de la nourriture au quotidien dans plusieurs pays d’Afrique, notamment, les chiffres avancés allant jusqu’à 90 %. Par leurs impacts sur les sécheresses et les événements météorologiques extrêmes, les changements climatiques entraînent une diminution des récoltes et des revenus reliés. Les prix à la hausse de l’alimentation engendrent une difficulté à se nourrir convenablement, ce qui affecte plus rapidement la santé des femmes et des filles. Les changements climatiques ont également un impact sur la disponibilité de l’eau dans ces pays, ce qui a un effet sur la somme de travail requis des femmes pour obtenir l’eau pour les besoins des familles. Les impacts sanitaires grandissants reliés à la mauvaise qualité de l’eau sont également portés au compte des conséquences des changements climatiques.
Les effets des changements climatiques sur les milieux de vie et la dégradation de l’environnement entraînent une migration de la population. Par exemple, nous dit l’ONU, les sécheresses au Mexique causent la migration de 600 000 à 700 000 personnes annuellement. Dans un tel contexte migratoire, le taux de décès des femmes est plus élevé en raison de leur statut socioéconomique et leur moins grand accès à l’information.
Les femmes sont surreprésentées sur le plan de la pauvreté à l’échelle mondiale, ce qui les rend plus vulnérables aux changements climatiques, et elles sont souvent peu impliquées dans la prise de décision et l’élaboration de stratégies. Pourtant, les femmes possèdent un bagage de connaissances et une expertise qui peuvent être très utiles lorsque vient le temps de mettre en place des plans de mitigation et d’adaptation aux changements climatiques. La consultation et la participation des femmes dans les initiatives de lutte contre les changements climatiques doivent être assurées, et le rôle des groupes et réseaux de femmes doit être renforcé. Les femmes devraient être également représentées dans les structures de gouvernance afin de leur permettre de contribuer, par leur expertise unique, à la prise de décisions. Par le passé, les femmes en position de leadership ont fait la différence dans la réponse aux sinistres ou dans la gestion des ressources naturelles. Par exemple, après un cyclone dans l’État d’Orissa (Inde) en 1999, la plupart des activités de secours sont passées par l’intermédiaire des femmes, qui ont reçu des fournitures, des prêts et des subventions pour reconstruire leur maison.
Un sommet des femmes
Le 15 mars dernier avait lieu, à New York, un sommet des femmes dans l’action pour travailler contre les changements climatiques, soutenu par C40, un réseau réunissant les 85 villes les plus importantes au monde, dont Montréal, mobilisées face au défi climatique2. Une quinzaine de mairesses de ces grandes villes du monde était invitée à participer à cette conférence et à lancer l’initiative Women4climate. Les considérations des pays industrialisés sont différentes de celles des pays en développement, il va sans dire, mais les actions en faveur de la lutte contre les changements climatiques sont importantes :
- Mme Ada Colau, mairesse de Barcelone, incite les citoyens à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2030;
- Mme Elisabeth Ackermann, mairesse de Bâle, verdit sa ville avec de nouveaux quartiers et des approches novatrices;
- Mme Anne Hidalgo, mairesse de Paris et présidente du C40, transforme les rives de la Seine pour les piétons et les cyclistes;
- Mme Manuela Carmena, mairesse de Madrid, a créé un programme afin de relier les espaces publics, les parcs et les immeubles à l’aide de toitures vertes et de murs végétaux;
- Mme Karin Wanngård, mairesse de Stockholm, a engagé sa ville à ne plus utiliser de combustibles fossiles d’ici 2040;
- Mme Clover Moore, mairesse de Sydney, a réduit les émissions de sa ville de 17 %, tout en maintenant une croissance économique de 37 %.
Pour Anne Hidalgo, « encourager le leadership des jeunes femmes face aux changements climatiques, c’est rendre nos villes plus fortes, plus résilientes, plus équitables. » Mme Muriel Bowser, mairesse de Washington, mentionne qu’à titre de capitale nationale, sa ville continuera d’exercer un leadership en matière d’énergies vertes et de pratiques durables. « En prenant des actions concrètes et d’importance en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, nous améliorerons à long terme la santé de notre communauté », ajoute-t-elle.
L’ensemble de la conférence peut être visionné ici.
Au Québec
De nombreuses femmes travaillent au Québec pour faire la différence en matière de changements climatiques. Récemment, un top 50 des personnes qui travaillent pour la promotion de la santé des Québécois a fait ressortir le travail de certaines femmes dont l’action porte notamment sur la lutte contre les changements climatiques : Véronique Fournier, directrice générale du Centre d’écologie urbaine de Montréal (CEUM), et Jeanne Robin, directrice générale adjointe de Vivre en ville3. Et, bien sûr, nous ne saurions passer sous silence le travail exceptionnel de nos nombreuses partenaires : merci d’être dans l’action!
Pour en savoir plus :
Handbook on gender and health
L’intégration du genre dans la lutte et l’adaptation aux changements climatiques au Québec
État du monde 2009 : Face à un monde qui change : les femmes, la population et le climat
Sources :