Inondations
Des catastrophes coûteuses
Les inondations ont des impacts sanitaires significatifs : au cours des 30 dernières années, elles ont coûté la vie à plus de 200 000 personnes et ont affecté plus de 2,8 milliards954 d’autres à travers le monde. Au Québec, elles sont rarement meurtrières, mais causent beaucoup de dommages.
Il est estimé que les changements climatiques observés au cours du XXe siècle s’accentueront
selon la saison et le milieu géographique131.
Le Québec n’y fera pas exception. Or, ces changements du régime pluviométrique pourraient affecter l’environnement naturel en accentuant l’intensité ou la fréquence de certains phénomènes, comme les inondations.
En saison hivernale, à l’horizon 2050, des augmentations de précipitations au Nord (de 16,8 % à 29,4 %) et au Sud (8,6 % à 18,1 %) sont attendues. La hausse des précipitations hivernales entraînera une augmentation de l’accumulation de la neige au sol dans le Nord. Par contre, le Centre et le Sud du Québec verront une diminution de l’accumulation de la neige au sola . On s'attend à ce que, dans un climat plus doux, il y ait plus de journées d’automne, de printemps et d’hiver où les températures plus élevées produiront davantage de précipitations sous forme de pluie, et moins sous forme de neigeb.
En saison estivale, dans le Nord-du-Québec, on s'attend à une hausse des précipitations (3,0 % à 12,1 %), alors que dans le Sud, aucun changement significatif dans les précipitations n’est attenduc.
L’augmentation observée de l’intensité des précipitations indique que les changements climatiques pourraient déjà avoir eu une incidence sur l'intensité et la fréquence des crues.
Une hausse des phénomènes des cycles de gel/dégel et des redoux hivernaux
Les scénarios provenant des modèles climatiques montrent, pour le Québec, une augmentation des épisodes de redoux hivernaux et de la fréquence des crues hivernales.
Il en découle une occurrence plus fréquente de cycles de gel/dégel955, qui pourrait engendrer des événements de frasil et d'embâcles plus nombreux avec comme conséquences, des inondations plus courantesd ainsi que des embâcles de débâcle qui pourraient se former plus fréquemment dus à des redoux hivernaux avec comme résultat des inondations plus courantes en hivere.
Une fonte printanière plus hâtive
Au printemps, la fonte du couvert neigeux est liée à la quantité de neige accumulée au cours de l’hiver, à la quantité de précipitations reçues, mais également à la vitesse du dégel printanier.
On s'attend à ce que les pointes de crues printanières soient devancées dans le futur, passant d’avril pour la période de 1961 à 1990, à mars au cours de la décennie 2050. La fonte des neiges au printemps pourrait aussi être plus rapide, dû à la hausse des températures. Les changements attendus pour le sud du Québec sont de l'ordre de 1,0 à 1,7 °C à l'horizon 2020, et de 1,9 à 3,0 °C à l'horizon 2050f . Si cette fonte des neiges est trop rapide, elle pourrait favoriser la formation d’embâcles et causer des inondations.Au Canada, les événements survenus récemment à Toronto956 et en Alberta957 illustrent à quel point les municipalités peuvent être gravement affectées par les inondations, lesquelles constituent le risque naturel le plus répandu à l’échelle du pays132. Ce risque est d’une grande importance pour la santé des populations touchées, mais également pour l’environnement bâti, l’économie, et les communautés. De 1900 à 2005, 260 inondations majeures ont fauché la vie de 235 personnes et occasionné plusieurs milliards de dollars de dommages. L’inondation de 2013 en Alberta a entraîné le décès de 4 personnes et des dommages évalués à environ 6 milliards de dollars, ce qui en ferait la catastrophe naturelle la plus onéreuse de l’histoire du Canada958.
De même, au Québec, 27 inondations qualifiées de catastrophiques ont été répertoriées de 1990 à 2010, dont les inondations de 1996 au Saguenay (10 décès, 15 825 évacués) et celle de 2003 dans les Bois-Francs133.
Plus récemment, l’inondation de la Rivière Richelieu fut la plus longue catastrophe au Québec. Au mois de mai 2011, après plusieurs jours humides, des pluies et des vents forts ont provoqué la hausse de la rivière à un niveau record. Quarante (40) municipalités ont été touchées, dont 11 ont déclaré l’état d’urgence local, 2 535 résidences ont été inondées, des centaines de routes et ponts ont été endommagés et des milliers d’hectares de terres agricoles ont été submergés. La lenteur de la baisse du niveau de la rivière due aux pluies printanières continue a obligé près de 4 000 résidants à vivre dans une situation précaire, dont 1 651 ont dû être évacués de leur domicile. Ces inondations auraient occasionné 82 millions de dollars en dommages, et ont nécessité la participation de 14 ministères et organismes959.
Devant ces réalités, il devient primordial d’améliorer l’adaptation aux inondations par diverses mesures collectives et individuelles afin de réduire les impacts des inondations. Certaines de ces mesures tiennent spécifiquement compte des changements climatiques.
a Ouranos, (2010),. Savoir s’adapter aux changements climatiques, rédaction, Montréal, 128 p.
b CCME, (2003),. Ibid
c Ouranos, (2010)., Ibid.
d Bourque, A. et Simonet, G., (2008),. Chapitre Québec, in dans Vivre avec les changements climatiques au Canada : édition 2007, Ottawa (Ontario), pp. 171-226.
e Prowse, 1. D. et S. Beltaos, (2002),. Climatic control of river-ice hydrology: a review." Hydrologica1 Processes 16 :: 805-822.
f Ouranos, (2010),. Ibid.
Qu'est-ce qu'une inondation?
Traditionnellement, l'inondation est le débordement, hors du lit mineur, des eaux d’une rivière ou d’un fleuve qui submerge les terres habituellement sèches la majeure partie de l’année. Il pourrait également s'agir d'inondation due au débordement d'un lac ou d'un réservoir, d'un réseau d'égout ou pluvial. L'inondation est provoquée principalement par une crue qui correspond à l'augmentation du débit (m3/s) d'un cours d'eau, dépassant plusieurs fois le débit moyen. La crue se traduit généralement par une augmentation de la hauteur d'eau et peut ainsi entraîner une inondation, mais pas obligatoirement. Une crue printanière se produit lors de la fonte de la neige et de la glace au printemps. Elle peut aussi se produire au cours des autres saisons lors d’une pluie intense et/ou abondante, quand l'eau ruisselle sans pénétrer dans le sol, soit parce que ceux-ci sont déjà saturés ou, au contraire, complètement asséchés; on l’appelle alors crue éclair.
Les inondations sont des débordements d’eau qui submergent temporairement les terres
normalement sèches
134. Leur sévérité dépend largement
de la topographie de la zone, de la possibilité des eaux de se répandre sur une
grande surface, des infrastructures érigées aux alentours de l’aire inondée et de
divers autres facteurs humains.
Des phénomènes très diversifiés peuvent causer les inondations, notamment les pluies
abondantes associées aux ouragans ou aux orages, la fonte rapide de la neige ou
de la glace, l’obstruction des cours d’eau, les ondes de tempête dans les régions
côtières et les affaissements de terrain134. Ces
phénomènes influencent les conséquences des débordements d’eau sur la santé humaine.
Dans l'Atlas du Canada, sur le site de Ressources naturelles Canada, on retrouve
une section spécialement dédiée aux inondations avec une foule
de détails pouvant vous intéresser si vous désirez en connaître plus à ce sujet.
Le type de catastrophe le plus fréquent au Québec
Au Québec, les inondations sont le type de catastrophe naturelle le plus fréquent : elles concernent 80 % de l’ensemble de ses municipalités riveraines, entraînent des coûts moyens annuels estimés entre 10 et 15 millions de dollars135, sans compter leurs nombreux effets indirects sur les populations et les gestionnaires concernés. Le stress, les maladies hydriques, les pertes de revenu, l’inaccessibilité au territoire n’en sont que quelques exemples et s’ajoutent à la facture réelle136,137,138.
La distribution des inondations varie sur le territoire de la province. Sa partie sud, caractérisée par des terres basses est la plus susceptible aux inondations. Elle est également la plus vulnérable, en raison de sa forte densité de population.
Impacts sanitaires
Les inondations peuvent occasionner diverses conséquences sanitaires. Certaines d’entre elles surviennent pendant l’aléa, d’autres après, entre autres lors de la phase de nettoyage. Certaines de ces conséquences durent le temps de l’inondation, alors que d’autres peuvent évoluer lentement ou apparaître au bout d’un certain temps.
Ces conséquences sanitaires sont également très diversifiées. Parmi les impacts relevés par la littérature scientifique, on compte notamment les décès, les blessures et les intoxications, les maladies gastro-intestinales, la détresse psychologique, tout comme d’autres types d’impacts, dont l’achalandage des urgences hospitalières141.
Décès et problèmes de santé liés aux inondations
Les inondations sont une cause importante de
blessures et de décès141. Ils sont dus notamment aux noyades, aux électrocutions ou aux traumatismes physiques. Les décès touchent surtout les hommes, les moins de 30 ans et les personnes âgées960. La plupart se produisent dans un véhicule moteur961, si bien que plusieurs des décès pourraient être évités. Il ne suffirait que de 60 centimètres pour noyer une voiture962, si le véhicule se met à dériver par exemple.
Enfin, les intoxications au monoxyde
de carbone qui peuvent survenir lors de l’utilisation d’appareils tels des génératrices ou des chauffages d’appoint dans un endroit mal ventilé, constituent un danger potentiel après des inondations majeures962. Suite à une inondation, la présence de moisissures dans les logements a également de nombreux impacts sur la santé des habitants149.
Maladies d'origine hydrique
Dans la littérature scientifique, la vulnérabilité aux maladies gastro-intestinales lors d’inondations est bien réelle141. Elle dépend toutefois de divers facteurs de risque, en particulier de l’état de santé de la
personne et de son genre, puisque les femmes seraient plus à risque de diarrhée que les hommes. Parmi les autres facteurs, on compte particulièrement des facteurs liés à l’exposition, dont le contact avec l’eau de la zone inondée, le niveau de l’eau de la zone sinistrée et le type de source d’eau de consommation. Le contact avec l’eau contaminée peut également favoriser les infections respiratoires et cutanées964 ainsi que des maladies à transmission vectorielle965.
Autres conséquences associées aux impacts sanitaires lors d’inondations
Outre leurs conséquences sur la santé physique, la littérature scientifique sur les impacts santé relatifs aux inondations relève bien d’autres types de conséquences, tout spécialement divers impacts psychosociaux, dont la détresse psychologique, de même que l’achalandage des urgences de certains hôpitaux et l’endommagement des infrastructures, dont les établissements de santé. Prévenir rapidement les sinistrés lors d’une inondation s’avère donc des plus importants. Pour contacter les sinistrés, il serait même plus efficace de diffuser les messages de sécurité publique à la fois par radio et à l’aide de haut-parleurs. L’ensemble des actions menées par les autorités de santé publique du Québec a été récemment revues et adoptées pour toutes les régions, et ce, sous la forme d’un guide d’intervention.
Qui est vulnérable?
Tout le monde exposé lors d’une inondation peut être vulnérable, tant en milieu urbain que rural142,143,144, comme illustré par les inondations du rond-point l’Acadie à Montréal en 2006, celle de Rivière-au-Renard (Gaspésie) en 2007, et de la Rivière Richelieu (Montérégie) en 2011. Cela dit, certaines personnes demeurent plus à risque que d’autres du fait qu’elles remplissent certaines conditions les rendant plus vulnérables141, dont :
- des caractéristiques qui augmentent la sensibilité, comme :
- la présence de problèmes de santé chroniques, notamment certains problèmes respiratoires qui peuvent être aggravés par les moisissures;
- l’âge avancé, parce que les conséquences d’une gastro-entérite peuvent être plus graves;
- des caractéristiques qui peuvent concourir à l’exposition, dont :
- le manque de ressources personnelles, en particulier chez les sans-abri;
- des capacités physiques plus limitées ou une mobilité réduite ;
- le type de travail ou d’activités, comme les travailleurs et les sinistrés lors de la période de nettoyage après l’inondation en raison, par exemple, du risque de décharges électriques et d’infections liées à la mauvaise qualité de l’eau;
- le milieu de vie, comme un logement construit dans une zone inondable ou dans une municipalité dont les infrastructures liées à l’eau sont désuètes;
- des caractéristiques qui peuvent restreindre le soutien, comme :
- une mobilité réduite, en particulier chez les personnes alitées ou handicapées;
- un réseau social limité;
- des infrastructures effondrées ou arrachées (segments de routes, ponts, etc.), qui peuvent isoler certains sinistrés durant un certain temps avant d’être secourus;
- l’ignorance des risques ou la sous-estimation du risque lié aux inondations966. En effet, plusieurs facteurs influenceraient la perception du risque tels que l’expérience personnelle ou les émotions négatives liées aux inondations, et le sentiment d’attachement à l’égard du domicile ou de la région.
En outre, les crues soudaines provenant de fortes pluies sur de courtes périodes sont les plus meurtrières à cause du courant intense des eaux et de la période d’avertissement limitée pour chercher un abri145,146. À l’inverse, les inondations riveraines entraînent une morbidité importante, mais elles engendrent peu de décès147. Les risques sont multifactoriels, tout dépendant du type de précipitations et de bassin (rapide ou lent), de la présence ou non d'embâcle, de la période de l'année, du moment de la journée (jour ou nuit), etc.
Pour plus de détails, visitez la section Ma Région, qui identifie les risques pour chaque région du Québec.
S'adapter
Diverses adaptations ont déjà été mises en place afin de prévenir ou d’atténuer
les conséquences des inondations, incluant les conséquences sanitaires. Certaines
d’entre elles visent les individus et les ménages avant, pendant et après l’inondation,
pendant, alors que d’autres touchent les collectivités, notamment dans un contexte
de changements climatiques.
Au niveau individuel, plusieurs gestes permettent de réduire les risques et conséquences
d'une inondation.
Au niveau collectif, les différents gouvernements et municipalités peuvent développer
diverses stratégies d'adaptation, notamment par la révision de critères de conception
des infrastructures et édifices, par de nouvelles façons d’utiliser les statistiques
de précipitations intenses au moment du dimensionnement148
et par une meilleure gestion des eaux pluviales, principalement par l’amélioration
du contrôle à la source grâce à un aménagement urbain optimal et à une maximisation
de l’infiltration.
Pour plus de détails, visitez la section M'adapter,
qui identifie les différentes façons de s'adapter face aux inondations et de ralentir
les changements climatiques.
Vidéo : impacts psychosociaux de l'inondation du Richelieu
Informations complémentaires
Les liens et documents suivants vous permettent d'en apprendre davantage sur les
inondations:
Partie méridionale du Québec
La partie méridionale du Québec est située sous le 50e parallèle. Elle inclut toutes
les régions sociosanitaires (RSS) de la province, excepté le Nord-du-Québec (RSS-10),
le Nunavik (RSS-17) et les Terres-Cries-de-la-Baie-James (RSS-18).
Aléas
Le terme "aléa" s’impose de plus en plus dans la francophonie pour exprimer la notion
de hazard utilisée en anglais1).
Un aléa constitue un phénomène, une manifestation physique ou une activité humaine
susceptible d’occasionner des pertes de vies humaines ou des blessures, des dommages
aux biens, des perturbations sociales et économiques ou une dégradation de l’environnement1.
Cette définition a été adaptée par les autorités de la sécurité publique du Québec,
à partir de la définition retenue par la Stratégie internationale des Nations Unies
pour la prévention des catastrophes.
Comme rapporté dans les concepts de base de la sécurité civile1, les
aléas présentent des caractéristiques variées. L’intensité (comme la force d’une
tornade), la probabilité d’occurrence (par exemple, la probabilité de la survenue
d’une inondation comparativement à celle d’une tornade) ou la récurrence (comme
la récurrence élevée pour une inondation dont la période de retour de débits des
crues est inférieure à 20 ans), la localisation spatiale et l’étendue possible de
ses effets (tel le verglas de 1998 relativement à un verglas de moindre envergure)
y sont identifiées comme étant les caractéristiques le plus souvent utilisées pour
estimer l’importance de l’aléa. Elles y sont également qualifiées de déterminantes
dans l’établissement du niveau de risque.
Selon la typologie des aléas, présentée à titre indicatif par la sécurité publique
du Québec, les aléas naturels sont constitués d’aléas hydrométéorologiques, d’aléas
géologiques et d’aléas biologiques (p. ex., une épidémie, une pandémie)1.
Dans le cadre du PACC – volet santé, seuls les aléas hydrométéorologiques ou géologiques
amplifiés par les changements climatiques de causes anthropiques ont été retenus.
Les aléas hydrométéorologiques incluent divers aléas comme les ouragans, les tornades
et autres vents violents, les incendies de forêt, les tempêtes de neige, le verglas,
les vagues de froid intense, les vagues de chaleur, les pluies diluviennes, la grêle,
les inondations, la sécheresse, la foudre et les avalanches; alors que les aléas
géologiques recoupent surtout des mouvements de terrain, dont les glissements.
Références :
Inondations : une cause importante de blessures et de décès
De nombreux décès et blessures liés aux inondations ont été rapportés dans les publications
scientifiques1,2,3,4. À titre d’exemple, aux États-Unis de 1959 à 2005, 4 586
décès ont été attribués aux inondations, soit de l’ordre de 97,6 décès par année1.
De même, en Italie de 1900 à 2002, 2 340 blessés, 2 630 décès et 120 disparus liés
aux inondations ont été répertoriés3.
Au Canada, des inondations sont survenues dans des collectivités de l’ensemble du
pays5. De 1900 à 2005, 260 inondations majeures ont fauché la vie de
235 personnes. Or, en 2006, un sondage révélait que 39 % des Canadiens et 34 % des
médecins estimaient que le système de soins de santé n’était pas bien préparé en
cas d’une urgence sanitaire comme une inondation ou une épidémie; seuls 6 % qualifiait
le système de santé de « très préparé »6.
Références :
- 1. Ashley, S.T., Ashley, W.S. (2008). Flood fatalities in the United States. Journal of Applied Meteorology and Climatology, vol. 47, p. 805-818.
- 2. Borden, K.A., Cutter, S.L. (2008). Spatial patterns of natural hazards mortality in the United States. Ìnternational Journal of Health Geographics, vol. 7, p. 64.
- 3. Guzzetti, F., Stark, C.P., Salvati, P. (2005). Evaluation of flood and landslide risk to the population of Italy. Environmental Management, vol. 36, n° 1, p. 15-36.
- 4. Jonkman, S.N., Kelman, I. (2005). An analysis of the causes and circumstances of flood disaster deaths. Disasters, vol. 29, n° 1, p. 75-97.
- 5. Berry, P., et collab. (2008). Vulnérabilités, adaptation et capacité d’adaptation au Canada Dans Santé et changements climatiques : évaluation des vulnérabilités et de la capacité d'adaptation au Canada, Séguin, J. (Éd.), Ottawa, Canada, 558 pages. Consulté le 07/02/2011.
- 6. POLLARA (2006). Dans Berry, P. et collab. (2008). Vulnérabilités, adaptation et capacité d’adaptation au Canada Dans Santé et changements climatiques : évaluation des vulnérabilités et de la capacité d'adaptation au Canada, Séguin, J. (Éd.), Ottawa, Canada, 558 pages. Consulté le 07/02/2011.
guide d’intervention
Groupe de travail ad hoc sur les inondations (2015). Inondations : guide d’intervention à l’intention des intervenants de santé environnementale. INSPQ. Janvier. ISBN : 978-2-550-72580-0 (PDF). En ligne au :
Décès lors d’inondations et genre masculin font la paire
Aux États-Unis et en Europe, de 1989 à 2003, 58,7 % des personnes décédées pendant
les inondations étaient de sexe masculin1. Cette prévalence s’élevait à 80,6 % en Australie pour la période 1788-19962. Parmi les hypothèses explicatives,
on relève l’implication des hommes dans les activités de secours et leur grande
prépondérance à prendre des risques pendant les inondations1,2. En outre, une
plus forte proportion d’hommes conduisait une voiture, malgré les conditions inclémentes1.
Références :
- 1. Jonkman, S.N., Kelman, I. (2005). An analysis of the causes and circumstances of flood disaster deaths. Disasters, vol. 29, n° 1, p. 75-97.
- 2. Coates, L. (1999). Flood fatalities in Australia, 1988-1996. Australian Geographer, vol. 30, n° 3, p. 391-408.
Groupes d’âge plus à risque de décès lors d’une inondation
Aux États-Unis, de 1959 à 2005, les personnes âgées de 10 à 19 ans, de 20 à 29 ans
et de plus de 60 ans étaient plus à risque de décéder lors d’une inondation1,
alors qu’en Australie, on a observé une augmentation importante des décès chez les
moins de 25 ans et les 60 ans ou plus2. Cette vulnérabilité propre à l’âge reflète
l’inhabilité, ou une plus grande difficulté, à fuir la zone inondée chez les très
jeunes enfants et les aînés, tout comme la propension des jeunes gens à prendre
des risques.
Références :
- 1. Ashley, S.T., Ashley, W.S. (2008). Flood fatalities in the United States. Journal of Applied Meteorology and Climatology, vol. 47, p. 805-818.
- 2. Coates, L. (1999). Flood fatalities in Australia, 1988-1996. Australian Geographer, vol. 30, n° 3, p. 391-408.
Véhicule moteur : lieu de décès de prédilection lors d’une inondation
Aux États-Unis et en Europe, plus du tiers des 247 décès rapportés de 1989 à 2003
est survenu dans un véhicule moteur1. Aux États-Unis, cette proportion atteint
les 63 % pour la période de 1959 à 20052. Le fait que les gens tentent de conduire
malgré que les routes ou les ponts soient inondés pourrait expliquer cet état de
choses1. Voilà possiblement pourquoi on recommande, si l’on est en voiture, de
ne pas circuler dans les eaux d'inondation ni dans les passages inférieurs, car
l'eau pourrait y être plus profonde qu'il n'y paraît et on pourrait rester pris
ou le véhicule pourrait être emporté par un courant fort3.
Références :
- 1. Jonkman, S.N., Kelman, I. (2005). An analysis of the causes and circumstances of flood disaster deaths. Disasters, vol. 29, n° 1, p. 75-97.
- 2. Coates, L. (1999). Flood fatalities in Australia, 1988-1996. Australian Geographer, vol. 30, n° 3, p. 391-408.
- 2. Ashley, S.T., Ashley, W.S. (2008). Flood fatalities in the United States. Journal of Applied Meteorology and Climatology, vol. 47, p. 805-818.
- 3. Gouvernement du Canada (2010).
Décès lors d’inondations : décès majoritairement évitables?
Aux États-Unis de 1959 à 2005, 19 % des décès se sont produits dans des structures permanentes (p. ex., maison) ou dehors près de ces structures, 14 % en tombant accidentellement dans l’eau de la zone inondée et 9 %, en y marchant intentionnellement1. Selon
certains auteurs, ce dernier pourcentage illustre bien que les gens ne perçoivent
pas souvent l’inondation comme dangereuse pour leur vie. Cette raison pourrait aussi
expliquer maints autres décès, incluant plusieurs des décès survenus dans un véhicule
moteur.
Références :
- 1. Ashley, S.T., Ashley, W.S. (2008). Flood fatalities in the United States. Journal of Applied Meteorology and Climatology, vol. 47, p. 805-818.
Inondations ou décès lors d’inondations : risque variable selon les régions
Aux États-Unis, les inondations désastreuses se produisent généralement à l’ouest
des États-Unis, principalement à cause de la topographie inclinée des montagnes
Rocheuses, des Cascades et autres élévations naturelles situées dans cette région1. Toutefois, ce sont les régions situées dans l’Est américain qui enregistrent
le plus grand nombre de décès, en raison de précipitations totales plus élevées
et de plus grandes densités de population.
Au Canada, il se serait produit 168 inondations catastrophiques de 1900 à juin 1997.
Quelque 62 % des désastres se sont produits dans quatre provinces, soit 37 désastres
en Ontario, 26 au Nouveau-Brunswick, 23 au Québec et 18 au Manitoba2. De façon
directe ou indirecte, les inondations ont causé la mort d’au moins 198 personnes
– un chiffre conservateur, car les inondations catastrophiques non prises en compte
dans la base de données ont certainement dû causer la mort d’autres personnes. L’inondation
la plus catastrophique en terme de pertes de vies a pour origine l’ouragan Hazel,
qui a dévasté le sud de l’Ontario en octobre 1954 et tué 81 personnes.
Références :
Certains mois de l’année plus meurtriers ou, du moins, plus propices aux inondations catastrophiques
Une étude réalisée aux États-Unis, de 1959 à 2005, a documenté une augmentation
des décès attribuables aux inondations dans les mois de juin, juillet et août1.
C’est toutefois en juin qu’on comptait le plus grand nombre de décès, vraisemblablement
en raison d’une forte fréquence d’orages convectifs dans la partie centrale et la
moitié sud des États-Unis au cours de cette période1.
Nous n’avons pas trouvé de données équivalentes pour le Canada. Ressources naturelles
rapportent toutefois que :
- près de 40 % des inondations catastrophiques sévissent en avril et en mai, notamment
lorsqu’une bonne partie du sud du pays est aux prises avec la fonte des neiges;
- bon nombre des inondations catastrophiques à survenir de janvier à mars sont imputables
aux chutes de pluie sur la neige au sol lors de périodes de redoux;
- les inondations se produisant entre juin et novembre sont plutôt le résultat d’orages
- dans l’est du Canada (de l’Ontario à Terre-Neuve), 11 des 20 inondations catastrophiques
au cours des mois d’août, de septembre et d’octobre ont été causées par des ouragans
ou par leurs vestiges;
- les mois de novembre et de décembre enregistrent le plus faible nombre d’inondations
catastrophiques2.
Références :
Intoxications au monoxyde de carbone : danger potentiel après de fortes inondations
Aux États-Unis, parmi les patients ayant visité les urgences à la suite de l’inondation
survenue au Dakota du nord en 1997, 33 cas d’intoxications au monoxyde de carbone
confirmés en laboratoire ont été recensés1. Près de la moitié des cas (n = 16) avaient
impliqué les professionnels de nettoyage. Une seule source d’intoxication a été
mise en cause: la laveuse à pression à essence utilisée pour nettoyer les sous-sols
abîmés par l’inondation.
Références :
- 1. Daley, W.R., Shireley, L., Gilmore, R. (2001). A flood-related outbreak of carbon monoxyde poisoning--Grand Forks, North Dakota. J Emerg Med, vol. 21, n° 3, p. 249-253.
Davantage d’épisodes diarrhéiques chez des personnes déjà vulnérables
Aux États-Unis, en 2001, le risque d’épisodes diarrhéiques lors de l’inondation
était 2,78 fois (intervalle de confiance à 95 % : 1,05 - 7,36) plus élevé chez les personnes ayant rapporté
de fréquents symptômes gastro-intestinaux dans la dernière année, par rapport à
celles qui n’en avaient pas rapporté1. De même, le risque de diarrhées sévères
était 2,57 fois (IC95 % : 1,03 - 6,41) plus élevé chez les personnes qualifiant leur
état de santé de pauvre, de moyen ou de bon, relativement à celles qui le jugeaient
très bon ou excellent. Ces deux exemples illustrent que l’incidence de symptômes
gastro-intestinaux pendant l’inondation, par rapport à une période sans inondation,
semble toucher davantage les personnes déjà vulnérables ou se percevant relativement
en moins bonne santé.
Références :
- 1. Wade, T.J. et collab. (2004). Did a severe flood in the Midwest cause an increase in the incidence of gastrointestinal symptoms?. American Journal of Epidemiology, vol 159, n° 4, p. 398-405.
Les femmes plus à risque de diarrhée que les hommes lors d’inondations?
En Allemagne, en 2002, la prévalence de diarrhée attribuable à l’inondation était 3,9 fois plus élevée chez les femmes que chez les hommes1. Les raisons sous-jacentes
à cette différence – à savoir si elle est liée à différentes expositions ou à des
différences comportementales – demeurent toutefois à explorer.
Références :
- 1. Schnitzler, J. et collab. (2007). Survey on the population's needs and the public health response during floods in Germany 2002. Journal Public Health Management Practice, vol. 13, n° 5, p. 461-464.
La source d’eau – un vecteur de diarrhée lors d’inondations
Dans une étude menée en Allemagne en 2002 à l’aide d’entrevues téléphoniques, la
prévalence de diarrhée était 3,5 fois (intervalle de confiance à 95 %, IC95 % : 1,2
- 10,5) plus élevée chez les personnes dont l’eau à boire provenait d’un étang privé,
comparativement aux personnes dont l’eau venait d’une autre source1. Ainsi, la
source d’eau pourrait être importante à documenter comme vecteur de diarrhée lors
d’inondations.
Références :
- 1. Schnitzler, J. et collab. (2007). Survey on the population's needs and the public health response during floods in Germany 2002. Journal Public Health Management Practice, vol. 13, n° 5, p. 461-464.
La détresse psychologique : un facteur modulant la relation entre les inondations
et les maladies physiques?
En Angleterre en 2000, une diminution du risque de maladies physiques liées aux
inondations chez les adultes (et possiblement également chez les enfants), après
ajustement pour la détresse psychologique, a été soulignée dans une étude réalisée
à l’aide de questionnaires sur la santé1. De fait, chez les adultes dont la maison
avait été inondée, le risque de détresse psychologique était 4,1 fois (intervalle
de confiance à 95 %, IC95 % : 2,6 - 6,4) plus élevé que chez les adultes dont la
maison était restée intacte – risque de détresse qui augmentait selon la hauteur
de l’inondation (p tendance = 0,01).
Ainsi, il apparaît vraisemblable que la relation entre les inondations et les maladies
physiques soit modulée par la détresse psychologique. Comme rapporté par l’OMS,
les sinistrés et les intervenants peuvent souffrir de certains ou de plusieurs des
symptômes précédant (p. ex., détresse, état de stress aigu) ou associés à l’état
de stress post-traumatique, ce qui peut mener à de l’angoisse, de la dépression,
voire au suicide, en raison des pertes affectives (p. ex., perte de souvenirs) ou
matérielles importantes2.
L’amélioration du suivi psychosocial des personnes sinistrées, notamment lors d’inondations,
s’avèrerait une adaptation souhaitable dans un contexte de changements climatiques.
Références :
- 1. Reacher, M. et collab. (2004). Health impacts of flooding in Lewes: a comparison of reported gastrointestinal and others illness and mental health in flooded and non-flooded households. Commun Dis Public Health, vol. 7, n° 1, p. 39-46.
- 2. OMS (2005). Dans Ouranos (2010). Savoir s’adapter aux changements climatiques. Ouranos, Montréal, Québec, Canada, 124 pages. Consulté le 04/02/2011.
Achalandage des urgences hospitalières lors d’inondations? Vrai, mais pas pour tous les hôpitaux
Une étude réalisée en Louisiane (États-Unis), en 1995, a rapporté une hausse de
la proportion des visites à l’urgence pour blessures durant les phases d’impact
(38 %) et post-impact (34 %), comparativement à la phase pré-impact (33 %), mais
seulement dans les hôpitaux modérément touchés par l’inondation1. Selon les chercheurs,
il pourrait avoir été trop difficile pour les patients de se rendre dans les hôpitaux
sévèrement touchés, sans compter qu’ils peuvent avoir craint que leurs infrastructures
ne puissent répondre à leurs besoins.
Références :
- 1. Ogden, C.L. et collab. (2001). Emergency health surveillance after severe flooding in Louisiana. Prehosp Disaster Med, vol. 16, n° 3, p. 138-144.
Utilisation de la radio et de haut-parleurs pour joindre les sinistrés
En Allemagne, en 2002, une étude a relevé que l’utilisation conjointe des messages
radio et par haut-parleurs (ex., par les voitures de police) avait permis de rejoindre
80 % de la population touchée par l’inondation1. Cette façon de procéder apparaît
donc efficace pour la diffusion rapide d’informations importantes, du moins en Allemagne.
Références :
- 1. Schnitzler, J. et collab. (2007). Survey on the population's needs and the public health response during floods in Germany 2002. Journal Public Health Management Practice, vol. 13, n° 5, p. 461-464.