Image : Cartographie du risque de présence de l'herbe à poux au Québec par télédétection. Source : Rolland Ngom INRS
Le pollen de l’herbe à poux constitue la plus importante cause de rhinite allergique saisonnière, aussi appelée rhume des foins, dans tout le nord-est de l’Amérique du Nord. Cette plante serait responsable de 50 à 90 % des allergies saisonnières. En 2005, les coûts de la rhinite allergique imputables au pollen de cette plante sont évalués entre 156,5 et 240 M$. La rhinite semble être en constante augmentation depuis les dernières décennies au Québec et dans le monde.
L’US Environmental Protection Agency considère le pollen de l’herbe à poux comme un indicateur fiable pour le suivi des répercussions des changements climatiques. Depuis 1995, la durée de la période d’émission de ce pollen est nettement plus longue, particulièrement dans les états du nord, comme au Québec méridional. La période d’allergie s’est ainsi allongée jusqu’à 26 jours dans certaines régions! L’avancée du front d’infestation de l’herbe à poux vers le nord du territoire québécois, entre autres au Témiscamingue, serait en lien avec les modifications du climat. Jusqu’à récemment, la présence de l’herbe à poux était peu probable dans cette région, compte tenu d’un climat peu favorable à sa production. À Montréal, entre 1994 et 2002, la période d’émission de pollen s’est allongée de 33 %, passant de 42 à 63 jours. L’allongement des saisons polliniques, l’accroissement du nombre de spores et des concentrations de pollen, les liens entre la température et les concentrations polliniques ainsi que du taux moyen de consultations médicales, permettent de penser que la population affectée par les allergies au pollen va augmenter. Cette tendance est conforme aux impacts anticipés par la hausse du CO2 (qui stimule la productivité de la plante) et des températures planétaires prévus par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat.
Si aucun contrôle de la plante n’est effectué, la durée et l’intensité des symptômes ainsi que le nombre d’allergie au pollen de l’herbe à poux augmenteront inévitablement, ce qui diminuera la qualité de vie des personnes affectées et entraînera des coûts additionnels pour la société.
Le nouveau rapport « Mobiliser une communauté du sud du Québec pour contrer l’herbe à poux : analyse des coûts de l’intervention et de ses effets sur la distribution spatiale des plants, du pollen et des symptômes d’allergie chez des adultes » a été réalisé en collaboration avec la Direction de santé publique de l’Agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie et l’Institut National de la Recherche Scientifique – Centre Urbanisation Culture Société et l’Université de Montréal – Faculté de pharmacie.
Le Projet Herbe à poux 2007-2010 a mis en évidence une réduction statistiquement et cliniquement significative de l’intensité de certains symptômes chez une personne allergique sur deux résidant dans le milieu où l'on a organisé la lutte contre l’herbe à poux. Ces personnes ont vu leur qualité de vie s’améliorer. Pour obtenir de tels résultats, les organisations, en particulier pour la municipalité, doivent investir du temps et de l'argent.
La présente étude a comparé 2 modes d’interventions sur l’herbe à poux : l’un optimal, comme celui du Projet Herbe à poux 2007-2010, l’autre ne ciblant pas spécifiquement l’herbe à poux, mais l’intégrant aux autres activités. Il a ainsi été démontré que le mode d’intervention intégré est rentable, c’est-à-dire que les ressources sont bien investies comparativement aux gains de santé générés. Le ratio coût-utilité de cette opération est de 5 777 $ par année de vie en bonne santé, ce qui n’est pas très cher. C’est très nettement inférieur au seuil généralement admis au Canada pour ce type d’évaluation, qui est de 50 000 $/année de vie en bonne santé.
On a aussi cherché à déterminer si les décideurs et les représentants des municipalités et du ministère des Transports du Québec étaient disposés à être plus actifs contre l’herbe à poux. Ils sont d’accord de le faire, dans la mesure où ils seront soutenus dans l’adoption de nouvelles pratiques et alimentés par des connaissances tenant compte de leur réalité.
Les résultats de la présente étude semblent définitivement avoir un effet mobilisateur sur les municipalités. Elles sont en effet de plus en plus nombreuses à vouloir intervenir adéquatement pour le bien-être et la santé des personnes allergiques et à contribuer à la réduction du fardeau de l’allergie au pollen de l’herbe à poux sur la société québécoise.
Et vous, votre municipalité est-elle active contre l’herbe à poux?
Source : Mobiliser une communauté du sud du Québec pour contrer l’herbe à poux : analyse des coûts de l’intervention et de ses effets sur la distribution spatiale des plants, du pollen et des symptômes d’allergie chez des adultes (pdf)