Froid intense
Les dangers de l'hiver
L’hiver québécois est souvent associé à de beaux paysages enneigés, au carnaval et aux activités sportives. Cependant, cette belle saison vient aussi avec de basses températures! Le froid intense peut constituer un danger. Des journées froides (à partir de 15 °C sous zéro) peuvent être accompagnées de vents violents et de chutes de neige parfois soudaines. Or, au Canada, les
vagues de froid (incluant des indices élevés de refroidissement éolien) et les fortes tempêtes hivernales fauchent annuellement la vie de plus de 100 personnes, une incidence plus élevée que le nombre total de décès attribuables à d’autres aléas, incluant les tornades, les orages, la foudre, les inondations, les ouragans, et les vagues de chaleur402.
À titre d’exemple, relevons :
- les chutes de neige importantes de décembre 1969 à Montréal, et de février 1982 à Terre-Neuve qui ont provoqué 15 et 117 décès respectivement403;
- les blizzards, qui ont causé la mort à 77 personnes en avril 1914 au Labrador, à 76 personnes en mars 1941 dans les provinces des Prairies, et à 8 personnes (400 blessés) en janvier 1978, au sud-ouest de l’Ontario403;
- le verglas, dont la tempête de 1998 allant des Maritimes jusqu’aux vallées de l’Outaouais et du Saint-Laurent – le désastre naturel le plus coûteux de toute l’histoire canadienne404
– et au cours de laquelle les 100 mm de verglas tombés de façon intermittente en six jours405 ont occasionné 28 décès, 945 blessures, 600 000 évacués403,
sans compter la coupure d’électricité chez plus de 3 millions de foyers (soit 4,7 millions de personnes ou encore 16 % de la population canadienne)404;
- les avalanches, avec 32 morts et 27 blessés depuis le début des années 1970, et ce, seulement au Québec406.
L’exposition au froid intense ou aux autres aléas de l’hiver peut aussi influer sur la santé des individus, sans aller toutefois jusqu’au décès. À titre d’exemple, le froid peut perturber la dynamique du cœur et provoquer des problèmes de santé cardiovasculaires407, troubler le système de défense de l’appareil respiratoire408, ou causer des blessures, particulièrement si le froid se conjugue avec des vents violents, lesquels accélèrent la baisse de la température du corps401.
Heureusement, diverses mesures d’adaptation peuvent contribuer à réduire les impacts sanitaires des aléas l’hiver. Certaines de ces mesures touchent les collectivités, d’autres les ménages, d’autres encore, les individus.
Conséquences sanitaires
Le froid peut affecter tout le monde jusqu’à un certain point, en particulier si l’on n’est pas vêtu adéquatement, et/ou que le froid est intense et accompagné de vents violents, ou que l’exposition dure plusieurs heures. Certaines personnes s’avèrent toutefois plus à risque que d’autres, du fait qu’elles remplissent des conditions les rendant encore plus vulnérables, comme l’âge avancé ou la présence de problèmes de santé chroniques.
Les conséquences sanitaires liées au froid apparaissent si le stress du froid sur le corps humain est trop important ou si le
système thermorégulateur est déficient409.
En outre, le froid peut engendrer un processus morbide en provoquant des lésions avec ou sans congélation des tissus (engelures, pied d’immersion, pied des tranchées),
ou encore en causant l’hypothermie,
un problème de santé beaucoup plus sérieux et pouvant même être fatal.
Le froid peut aussi contribuer à faire apparaître certains symptômes ou problèmes de santé, ou à aggraver l’état d’une personne atteinte de l’un d’eux de façon chronique, en particulier si ce problème touche le système cardio-vasculaire ou le système respiratoire. Comme rapporté par l’InVS410:
« À l'approche de masses d'air froid, notre organisme se réveille et mobilise tous les moyens de lutte dont il dispose : le glycogène du foie se transforme en sucre, la tension artérielle augmente, la tonicité des muscles se renforce, le métabolisme général s'accélère. Après le passage du front, l'organisme, cherchant à retrouver son équilibre, est entraîné dans la direction opposée : on assiste alors à une baisse de tension, à un relâchement musculaire, à un afflux du sang vers la surface du corps, etc., et le cycle est révolu. Ce va-et-vient ne sera peut-être pas trop ressenti par un organisme sain, mais il en va tout autrement pour un sujet affaibli ou malade ».
Enfin, les périodes de froid intense peuvent agir encore plus indirectement sur la santé, notamment en augmentant le risque d’intoxication au monoxyde de carbone en raison du dysfonctionnement d’appareils de chauffage (au gaz, au fioul, au charbon), de l’utilisation inappropriée d’un moyen de chauffage (comme un chauffage d’appoint utilisé en continu), ou encore lorsque les aérations du logement ont été obstruées411.
Fort heureusement, diverses stratégies peuvent être déployées pour réduire les impacts du froid durant cette période de l’année. Certains contextes touchant plusieurs ménages à la fois peuvent également y contribuer.
Risque de décès lié au froid
Le risque de décès, toutes causes confondues, lié au froid est bien documenté dans la littérature scientifique, de même que le risque de décès par certaines causes spécifiques, tout spécialement par hypothermie, par causes cardiovasculaires ou cérébrovasculaires, et par causes respiratoires.
Mortalité hivernale liée au froid et toutes causes confondues
Selon plusieurs études, il existe une association significative entre l’exposition au froid et l’augmentation de la mortalité toutes causes confondues (par causes cardiovasculaires, respiratoires, etc.). À titre d’exemple, une recherche réalisée aux États-Unis montre que les aléas naturels survenus de 1979 à 2004 ont provoqué 21 491 décès, dont 50 % étaient liés au froid412. Une autre étude américaine, effectuée dans 11 villes situées à l’est du pays, rapporte que le risque de décès augmente lorsque la température diminue413, tendance également mise en évidence en Europe, où toute baisse de la température de 1 °C est associée à une augmentation de la mortalité par causes non accidentelles414,415,416.
Une seule étude documente la relation de la mortalité toutes causes en fonction des températures froides au Canada, et plus particulièrement au Québec, pour la période 1981 à 1999417. Contrairement aux études précédentes, aucune tendance claire d’une augmentation de la mortalité n’est observée pour des températures au-dessous de 18 °C lorsqu’on ajuste pour la saisonnalité et les épidémies d’influenza. Certaines raisons peuvent expliquer les différences entre cette étude et les précédentes, notamment l’utilisation de diverses sources de données418, des couvertures géographiques distinctes, de même que les frais encourus pour le chauffage relativement moins élevés au Québec comparativement à d’autres régions industrialisées419.
Mortalité hivernale liée au froid et par hypothermie
Lorsque le corps est exposé à un froid intense sans vêtements adéquats, il est incapable de compenser la perte de chaleur420. Conséquemment, la température centrale du corps commence à chuter – on parle alors d’hypothermie. Dans une ambiance froide, l’hypothermie est une complication courante pour une personne victime d’un accident ou d’un malaise421. Dans les cas graves, elle peut entraîner la mort.
Aux États-Unis, plus de 16 000 décès ont été attribuables à l’hypothermie, de 1979 à 2000422. À Montréal (Québec), le nombre de décès attribuables à cette cause, consignés dans les rapports du coroner de 1994 à 1997 et sur les certificats de décès de 1994 à 1997, s’élevait respectivement à 12 et 13 décès423.
Mortalité hivernale liée au froid et par causes cardiovasculaires ou cérébrovasculaires
La littérature montre que la mortalité hivernale correspond essentiellement aux pathologies cardio-vasculaires et respiratoires421. Différents mécanismes peuvent expliquer cet impact du froid sur les pathologies cardiovasculaires : la pression artérielle est plus élevée en hiver424,425, l’exposition au froid peut augmenter le taux de cholestérol plasmatique, et le fibrinogène plasmatique426,427,428, entraînant à son tour une hémoconcentration et par la suite thrombose et spasme coronaire, et donc une augmentation des affections de type thromboembolique. Au niveau cérébral, ces mêmes mécanismes (hypertension artérielle, hyperviscosité et thrombose) peuvent être à l’origine d’accidents vasculaires cérébraux, en particulier de type ischémique409.
En Europe, le froid est associé à une augmentation de la mortalité par maladies cardiovasculaires414,415,429,430,431,432. Aux États-Unis, l’excès de mortalité dû à ces maladies est plus élevé en hiver que pendant les autres saisons433,434,435. Un tel excès, mais léger, a également été observé au Canada pour la mortalité par infarctus aigu du myocarde en hiver, comparé à la période où la mortalité est la moins élevée436. Enfin, au Québec (Canada), on a noté une augmentation significative de la mortalité par insuffisance cardiaque en janvier, mais une diminution progressive de la mortalité mensuelle jusqu’à septembre, où elle commence à croître de façon constante437.
La relation entre le froid et la mortalité par causes cérébrovasculaires semble un peu moins constante que pour les causes cardiovasculaires. Alors qu’une étude menée dans quinze villes européennes ne montre pas de lien significatif entre ces deux composantes414, plusieurs autres recherchent en observent un, notamment :
- en Russie429,438 et en Grande-Bretagne439, où toute baisse de la température de 1 °C est associée à une augmentation de la mortalité par maladies cérébrovasculaires;
- aux États-Unis, où une température inférieure ou égale à -7 °C et une chute de neige de plus de 3 cm sont associées à un risque élevé de mortalité pour ces maladies440;
- au Canada, où l’on rapporte que le risque de mortalité par accident cérébrovasculaire est de 7 % plus élevé en hiver que la mortalité annuelle436.
Mortalité hivernale liée au froid et par causes respiratoires
La littérature montre que la mortalité hivernale correspond essentiellement aux pathologies respiratoires et cardio-vasculaires421. L’effet du froid est toutefois plus indirect pour les premières que pour les secondes408,421. Bien que leur étiopathogénie (recherche des causes d’une maladie et de ses processus d’apparition et de développement) ne soit toujours pas complètement élucidée, il semble que l’inhalation d’air froid entraîne un refroidissement de la muqueuse des voies respiratoires supérieures. Or, ce refroidissement tend à inhiber les mécanismes de lutte contre les infections et à permettre ainsi le développement d’infections broncho-pulmonaires442, infections qui peuvent s’avérer fatales dans certains cas.
D’ailleurs, plusieurs études européennes414,415,429430,431432443 montrent que toute baisse de la température de 1 °C est associée à une augmentation des décès par maladies respiratoires variant de 1,7 à 5,2 %. Une association significative entre le froid et le risque de mourir de ces problèmes de santé a également été observée aux États-Unis400, mais pas au Canada, où la relation froid‑mortalité par causes respiratoires ne semble pas avoir été étudiée418 sauf récemment953.
Risque de maladies de l’appareil circulatoire lié au froid
Comme rapporté
en France par l’Institut de veille sanitaire, « La vasoconstriction et les phénomènes associés peuvent aboutir à une rupture des plaques d’athérome, et ainsi favoriser la thrombose artérielle. Au niveau des artères coronaires, le spasme lié au froid associé à une éventuelle thrombose et à l’augmentation des besoins en oxygène du myocarde favorise, chez le sujet à risque, la survenue ou l’aggravation d’une angine de poitrine, voire d’un infarctus du myocarde en cas de sténose complète de la lumière artérielle […]. Au niveau cérébral, ces mêmes mécanismes (hypertension artérielle, hyperviscosité et thrombose) peuvent être à l’origine d’accidents vasculaires cérébraux, en particulier de type ischémique».
Risque de maladie coronarienne lié au froid
Le risque de maladies coronariennes est lié au refroidissement de la température. À titre d’exemple, dans une étude ayant impliqué plusieurs pays d’Amérique, d’Asie et d’Europe, chaque diminution de la température à partir de 10 °C est associée à une augmentation des événements coronaires444 ] (tous types d’affections qui touchent l’irrigation du cœur). Ce risque sanitaire n’est pas sans conséquence sur les systèmes de soins. En 2004, à Athènes (Grèce), chaque diminution de 1 °C (température moyenne journalière sur deux ans) correspondait à une hausse de 5 % des admissions hospitalières pour syndromes coronariens aigus445. Une situation qui prévaut également dans la plupart des régions québécoises, du moins en ce qui concerne l’augmentation des hospitalisations pour cause de maladie ischémique cardiaque, en particulier en début de saison hivernale pour les 65 ans ou plus, et dans les régions où la prévalence de fumeurs ou l’indice de défavorisation est plus élevé446.
Risque de maladie cérébrovasculaire lié au froid
Plusieurs études ont mis en lumière un risque élevé de maladie cérébrovasculaire lorsqu’il fait froid447,448,449,450, en particulier chez les femmes447,450. Selon l’une de ces recherches, les personnes non obèses, les 65 ans ou plus, les personnes ayant un antécédent d’hypertension et celles ayant un antécédent d’hypercholestérolémie pourraient aussi être plus à risque447.
Risque d’insuffisance cardiaque lié au froid
Les hospitalisations pour insuffisance cardiaque seraient plus nombreuses en hiver qu’au cours des autres saisons451,452,453,454, notamment chez les aînés :
- en Écosse, où le taux d’hospitalisation pour cette cause augmente l’hiver de 15 à 18 % au-dessus de la moyenne chez les 75 ans et plus453;
- en France, où il a été observé un excès des hospitalisations pour insuffisance cardiaque aiguë de 16 % en janvier, chez les 85 ans et plus454.
Risque de symptômes respiratoires lié au froid
Le froid est associé significativement à des symptômes respiratoires comme l’essoufflement, la toux et une respiration sifflante455,456,457,458. Il est également corrélé à une dégradation de la fonction pulmonaire et à une aggravation des symptômes de maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) parmi les personnes qui en sont atteintes459. Les symptômes respiratoires dus au froid semblent davantage se présenter chez les femmes que chez les hommes455,456,457, de même que chez les fumeurs et les ex-fumeurs lorsqu’ils font de l’exercice à moins de 0°C456,457.
Qui est vulnérable?
Tout le monde peut être vulnérable lors d’une exposition au froid, en particulier
si l’on n’est pas vêtu adéquatement, que le froid est intense et accompagné de vents
violents, ou que l’exposition dure plusieurs heures.
Cependant, certaines personnes demeurent toutefois plus à risque que d’autres du
fait qu’elles remplissent certaines conditions les rendant encore plus vulnérables409,401,
dont :
- les personnes avec des habitudes de vie qui les prédisposent aux troubles de la santé dus
au froid :
- notamment la consommation d’alcool dont la sensation de chaleur peut masquer
un abaissement de température et ainsi prédisposer aux engelures, gelures, etc.;
- celles avec des caractéristiques qui augmentent la sensibilité au froid, comme :
- la
présence de problèmes de santé chroniques tels que l’insuffisance cardiaque et respiratoire,
le diabète, certains troubles neurologiques affectant la perception du froid ou
la conscience du danger;
- les personnes d'un très jeune âge ou d'un âge avancé, même en santé, car la faible
masse musculaire et l’incapacité à exprimer qu’elles ont froid, ou la mauvaise perception de la température peuvent contribuer au risque d’hypothermie chez ces groupes d’âge;
- celles avec des caractéristiques qui peuvent concourir à l’exposition au froid,
par exemple :
- le manque de ressources personnelles (notamment les sans-abri);
- le
type de travail;
- les activités de loisirs à l’extérieur, de même que certaines activités
sportives (ski, course à pied);
- le milieu de vie, dont un logement mal isolé contre le
froid;
- celles avec des caractéristiques qui peuvent restreindre le soutien lors de froid
intense, comme :
- une mobilité réduite;
- le fait d’être originaire d‘un pays chaud,
dû au manque d’acclimatation physiologique et socioculturelle.
Si chacune de ces conditions peut concourir au risque de troubles de la santé liés au froid, seulement certaines d’entre elles expliqueraient la surmortalité hivernale de façon significative dans les recherches publiées jusqu’à aujourd’hui.
Facteurs associés significativement à l’augmentation de la mortalité hivernale liée au froid
La littérature scientifique relève clairement une augmentation de la mortalité hivernale liée au froid selon l’avancement en âge, certaines minorités ethniques, certaines maladies préexistantes, le fait d’habiter dans un milieu urbain où les hivers sont généralement cléments, ou encore dans un logement mal isolé contre le froid. Une récente revue fait état d’une quarantaine d’études à cet effet, mondialement.
Facteurs dont la relation avec le froid est ambiguë
Dans la littérature scientifique, certains facteurs varient beaucoup selon la ville ou le pays étudié, ou encore ne sont pas associés de façon significative à la mortalité hivernale liée au froid, en particulier la défavorisation économique et les décès inévitables, mais survenant prématurément en raison du froid (dit effet de moisson ou, en anglais, harvesting effect). En raison de résultats de recherche contradictoires, la relation entre certains facteurs et la mortalité hivernale liée au froid demeure ambiguë, notamment sa relation selon le genre et dans un autre ordre d’idées, selon l’humidité relative ou selon la pollution de l’air.
Visitez également la section Ma Région,
qui identifie les risques pour chaque région du Québec.
S'adapter
L’adoption de comportements individuels sécuritaires, comme la diminution des sorties à l’extérieur lorsque la météo est peu clémente, réduit l’exposition au froid intense438 et, conséquemment, certains impacts santé l’hiver439,460.
Dans le cadre d’un sondage réalisé par téléphone en 2005 au Québec méridional,
diverses stratégies d’adaptation au froid ont été documentées parmi 2 545 personnes âgées de 18 ans ou plus461.
Parmi ses résultats, dont plusieurs sont corroborés par d’autres enquêtes canadiennes ou publications gouvernementales, on retrouve des adaptations pour :
- réchauffer le logement;
- réchauffer l’automobile;
- se réchauffer personnellement à la maison;
- se réchauffer lors des sorties.
La section Adaptation du site vous permet d’en apprendre
plus sur les adaptations existantes et requises.
Informations complémentaires
Les liens et documents suivants vous permettent d'en apprendre davantage sur le
froid intense et les autres aléas d'hiver.
Vagues de froid
Les vagues de froid sont des baisses anormalement importantes et rapides de la température
durant trois jours consécutifs, avec une température journalière minimale au-dessous
du 10e percentile1 ou du 20e percentile2 (calculé selon les températures pendant
la période d’hiver)2 selon la source de renseignements. Ces baisses de
température peuvent être accompagnées de vents violents et de chutes de neige considérables
habituellement suivies de périodes prolongées de temps très froid3.
Pour connaître les sept étapes de la sécurité par temps froid, consultez la page
Indice de refroidissement éolien au Canada sur le site d'Environnement Canada.
Références :
- 1. Environnement Canada (2004). Climate variability and change in Canada: past, present and future. Environnement Canada, Toronto (Ontario), 114 pages. Consulté le 07/02/2011.
- 2. Shabbar, A., Bonsal, B. (2003). An assessment of changes in winter cold and warm spells over Canada. Natural Hazards, vol. 29, n° 2, p. 173-188.
- 3. Berry, P., McBean, G., Séguin, J. (2008). Vulnérabilités aux dangers naturels et aux conditions météorologiques extrêmes. Dans Santé et changements climatiques : évaluation des vulnérabilités et de la capacité d'adaptation au Canada. Santé Canada, chapitre 3, 80 pages. Consulté le 07/02/2011.
Refroidissement éolien
Le refroidissement éolien, parfois aussi appelé "facteur vent" dans le langage populaire,
est la sensation de froid ressentie sur la peau, causée par l’effet combiné de la
température et du vent. Il est mesuré à l’aide d’un indice qui s’exprime par un
nombre ressemblant à la température, mais sans le symbole de degré, afin d’éviter
la confusion avec la température réelle1. Il existe plusieurs méthodes
pour le calculer2,3. La formule standard utilisée par Environnement Canada
est la suivante :
W = 13,12 + 0,6215 + 0,3965 x Tair - V10m + 0,3965 x Tair
- V10m;
où W = l'indice de refroidissement éolien basé sur l'échelle Celsius des températures;
Tair = la température de l'air en degrés Celsius (°C) et V10m
= la vitesse du vent à 10 mètres (hauteur standard de l'anémomètre), en kilomètres
à l'heure (km/h)4.
Au Canada, un avertissement de refroidissement éolien est émis lorsqu’une engelure
peut se produire en quelques minutes, c’est-à-dire quand l’indice atteint environ
– 455. Pour déterminer le temps d’exposition nécessaire à l’apparition
d’engelures pour un refroidissement éolien donné (pour des vents de plus de 25 km
h-1 et des temps de moins de 15 minutes), Environnement Canada utilise
cette équation :
tf = {(-24.5 • [(0.667• V10) + 4.8]) + 2111} • (-4.8 - Tair)
- 1.668
où tf = temps avant l'engelure, en minutes, pour les 5% de la population
les plus susceptibles; V10 = vitesse du vent à la hauteur standard de
10 mètres en km.h-1; Tair = température réelle de l'air en degrés Celsius2.
Pour en savoir davantage sur le refroidissement éolien, consultez la page Indice de refroidissement éolien au Canada d'Environnement
Canada.
Références :
- 1. Environnement Canada (2004b). Dans Bustinza, R. et collab. (2011). Proposition d'indicateurs aux fins de vigie et de surveillance des troubles de la santé liés au froid. Institut national de santé publique du Québec, Canada, 104 pages.
- 2. Maarouf, A., Bitzos, M. (2001). Les indices de refroidissement éoliens : état de la question, applications actuelles et orientations futures pour le Canada. Climat et Santé cahiers de bioclimatologie et biométéorologie humaine, 7-38.
- 3. Laschewski, G., Jendritzky, G. (2002). Effect of the thermal environment on human health: an investigation of 30 years of daily mortality data from SW Germany. Climate Research, vol. 21, p. 91-103.
- 4. Environnement Canada (2010). Calcul des normales climatiques au Canada de 1971 à 2000. Consulté le 07/02/2011.
- 5. Bustinza, R. et collab. (2011). Proposition d'indicateurs aux fins de vigie et de surveillance des troubles de la santé liés au froid. Institut national de santé publique du Québec, Canada, 104 pages.
Chutes de neige
La neige est une vapeur atmosphérique gelée en cristaux de glace qui tombent en
flocons légers sur la terre1. On parle de tempête lorsqu’une masse d’air
très froid s’éloigne des régions polaires2 et qu’elle cause d’abondantes
chutes de neige, surtout si ces chutes sont accompagnées de vents violents1.
Environnement Canada émet un avertissement de neige lorsque de très importantes
quantités sont prévues sur une période de 12 à 24 heures3. Pour le Québec,
cela signifie jusqu’à 15 centimètres (cm), 20 cm et même 25 cm de précipitations
sur une période d’une journée. Pour de plus petites quantités de neige, un bulletin
météorologique spécial peut toutefois être émis dans des circonstances particulières
(par exemple, lors de la première chute de neige).
Références :
Blizzards
Les blizzards, de violentes tempêtes d’hiver, se caractérisent par la neige ou la
poudrerie (neige soulevée par le vent) accompagnée de vents d’au moins 40 kilomètres
à l’heure (km/h), d’une visibilité réduite à moins d’un kilomètre en raison de la
poudrerie, et d’un indice de refroidissement éolien de -25 ou plus froid1.
De façon générale, un blizzard dure, au plus, de six à douze heures2.
Cette durée est toutefois suffisamment longue pour que la réduction de la visibilité
associée à la poudrerie ou au phénomène de voile blanc rende les déplacements hasardeux,
en particulier sur la route : lorsqu’un blizzard tire à sa fin, le phénomène du voile
blanc, caractérisé par une neige d’une intensité telle qu’il est difficile de distinguer
le sol du ciel, peut se développer3.
L’intense refroidissement éolien n’est également pas à sous-estimer pour les personnes
qui se trouvent à l’extérieur. Environnement Canada émet un avertissement de blizzard,
de 12 à 24 heures à l’avance, quand les forts vents (≥ 40 km/h) et la faible
visibilité (< 1 km) durent au moins de quatre à six heures.
Références :
Verglas
Par précipitations verglaçantes, on entend la bruine verglaçante et la pluie verglaçante.
La bruine verglaçante est une bruine (brouillard en voie de condensation, formant
une petite pluie très fine) qui gèle au contact d’un objet
froid ou du sol quand les températures sont sous le point de congélation (0 °C).
Elle s’accumule moins rapidement que la pluie, mais elle peut rendre les trottoirs
glissants et les conditions routières dangereuses, d’où l’émission d’avertissements
par Environnement Canada lorsqu’une accumulation importante de glace est prévue1.
La pluie verglaçante se définit comme une pluie dont les gouttelettes se congèlent
au moment de leur impact2. Sa gravité dépend de l’accumulation de glace,
de la durée de la pluie, de son étendue et de l’endroit touché3. Les
tempêtes de verglas sont souvent la principale source de danger en hiver. De fait,
de grosses accumulations de pluie verglaçante peuvent faire tomber jusqu’à des arbres
et couper les lignes électriques et téléphoniques4. Voilà pourquoi Environnement
Canada émet des avertissements au plus 24 heures à l’avance, quand on prévoit de
la pluie verglaçante pendant une période d’une à quatre heures ou une quantité d’au
moins deux millimètres (mm) de pluie5. En hiver, ces avertissements peuvent être
précédés d’une veille de tempête de neige.
Références :
- 1. Environnement Canada (2002c). Dans Tairou, F.O. et collab. (2010). Proposition d’indicateurs aux fins de vigie et de surveillance des troubles de la santé liés aux précipitations hivernales et aux avalanches. Institut national de santé publique du Québec, Canada, 85 pages. Consulté le 07/02/2011.
- 2. Environnement Canada (2002b). Dans Tairou, F.O. et collab. (2010). Proposition d’indicateurs aux fins de vigie et de surveillance des troubles de la santé liés aux précipitations hivernales et aux avalanches. Institut national de santé publique du Québec, Canada, 85 pages. Consulté le 07/02/2011.
- 3. Institut for catastrophic loss reduction (2010). Understanding winter storms. Consulté le 23/04/2011.
- 4. Lecomte, E.L., Pang, A.W., Russell, J.W. (1998). La tempête de verglas de 1998. Institut de prévention des sinistres catastrophiques, Toronto, Canada, 45 pages. Consulté le 23/04/2011.
- 5. Sécurité publique Canada (2007). Base de données canadienne sur les désastres. Consulté le 23/04/2011.
Partie méridionale du Québec
La partie méridionale du Québec est située sous le 50e parallèle. Elle inclut toutes
les régions sociosanitaires (RSS) de la province, excepté le Nord-du-Québec (RSS-10),
le Nunavik (RSS-17) et les Terres-Cries-de-la-Baie-James (RSS-18).
Avalanches
Une avalanche est une masse de neige et de glace qui dévale soudainement les pentes
d’une montagne en emportant de la terre, des pierres et des débris1.
Il en existe deux types. Le premier type regroupe les avalanches de neige poudreuse,
non cohésive. Le deuxième type concerne les avalanches de plaques, habituellement
sèches et dévalant des pentes d’une inclinaison de 25 à 40 degrés. Les avalanches
de plaques sont les plus fréquentes et les plus dangereuses.
Outre le degré de la pente, divers facteurs environnementaux et humains peuvent
influencer la probabilité d’avalanches. Les facteurs environnementaux comprennent
l’épaisseur et la densité de la plaque de neige, le type de terrain, la quantité
d’arbres sur la pente, mais aussi le niveau d’exposition au soleil, la température,
le degré d’humidité, la vitesse et la direction du vent1. Une nouvelle
chute de neige constitue également une cause importante d’avalanches, surtout lorsque
cette chute s’accompagne de vents violents et d’un changement rapide de température.
Enfin, les activités humaines ne sont pas à sous-estimer, au point que la plupart
des avalanches mortelles seraient déclenchées par la personne qui en meurt ou par
un autre membre de son groupe1. Parmi ces déclencheurs, on retrouve des
activités sportives tel le ski, des activités récréatives comme la randonnée pédestre
ou en motoneige, de même que des activités liées au travail, dont l’usage de diverses
machines occasionnant des vibrations, en particulier sur les chantiers de construction.
Chaque année, de nombreuses avalanches se produisent dans toutes les régions du
Canada, mais plus souvent dans les montagnes de l’Alberta, de la Colombie-Britannique,
des Territoires du Nord-Ouest, du Nunavut et du Yukon2. Bien qu’elles
soient moins fréquentes dans les collines et les montagnes arrondies de l’Est, on
y compte malgré tout des avalanches mortelles en Ontario et au Québec – ce qui démontre
que tout endroit recouvert de neige et accusant une certaine pente peut être à risque
d’un tel aléa3. De fait, dans neuf cas sur dix, on observe le même scénario,
soit : un plateau déboisé surplombant un dénivelé, une chute de neige abondante,
une période de redoux suivie d’un blizzard4.
Références :
- 1. Environnement Canada (2005). Dans Tairou, F.O. et collab. (2010). Proposition d’indicateurs aux fins de vigie et de surveillance des troubles de la santé liés aux précipitations hivernales et aux avalanches. Institut national de santé publique du Québec, Canada, 85 pages. Consulté le 07/02/2011.
- 2. Gouvernement du Canada (2008). Les avalanches au Canada. Consulté le 07/02/2011.
- 3. L'Encyclopédie canadienne (2010). Dans Tairou, F.O. et collab. (2010). Proposition d’indicateurs aux fins de vigie et de surveillance des troubles de la santé liés aux précipitations hivernales et aux avalanches. Institut national de santé publique du Québec, Canada, 85 pages. Consulté le 07/02/2011.
- 4. Hétu, B., Bergeron, A. (2006). Les avalanches au Québec : analyse des conditions météorologiques et des facteurs de terrain au déclenchement des avalanches. Programme conjoint de sécurité-avalanche au Québec (PCSAQ), 87 pages.
Système thermorégulateur
L’être humain dispose de plusieurs mécanismes de régulation des échanges thermiques
en ambiance froide1. Outre l’adoption de comportements visant à se protéger
activement du froid (comme l’augmentation de l’épaisseur des vêtements, l’accroissement
de l’aire couverte par les vêtements), il dispose de mécanismes physiologiques endogènes
thermorégulateurs, qui mettent en jeu les systèmes nerveux, endocrinien, cardiaque
et respiratoire. Comme rapporté en France par l’Institut de veille sanitaire1 :
« Quand la température ambiante est suffisamment basse pour entraîner une diminution
de la température centrale en dessous de 37 °C, on observe une vasoconstriction
cutanée qui permet d’isoler les tissus périphériques du compartiment central en
créant un gradient thermique entre la peau et les viscères profonds (coeur, cerveau,
rein). La vasoconstriction s’accompagne d’une hypertension artérielle et d’une augmentation
du tonus sympathique (système nerveux autonome) qui se traduit en particulier par
une accélération du rythme cardiaque. La redistribution du sang circulant vers les
organes est à l’origine d’une augmentation du secteur intravasculaire, ce qui aboutit
à une hémoconcentration2. On observe une augmentation de la concentration
plasmatique de 10 % des globules rouges, des leucocytes, des plaquettes, du cholestérol
et du fibrinogène, et une augmentation de la viscosité sanguine de 20 % environ2.
De plus, sous l’effet du froid, l’organisme augmente sa thermogenèse. L’activité
cardiaque augmente ainsi que les besoins du coeur en oxygène3. La production
de chaleur peut dépendre soit de l’augmentation de l’activité musculaire squelettique
(frisson thermique ou activité physique volontaire), soit d’un accroissement du
métabolisme. Le tissu adipeux brun et certaines hormones participent à l’augmentation
du métabolisme énergétique : les hormones thyroïdiennes, les catécholamines (adrénaline),
les glucocorticoïdes, le glucagon. Les hormones thyroïdiennes en particulier interviennent
plus dans l’acclimatation au froid que dans la réponse de thermorégulation immédiate.
On observe également une diminution de la thermolyse et en particulier de la transpiration.
Des effets néfastes pour la santé apparaissent si le système thermorégulateur est
déficient ou si le stress thermique est trop important. En général, les individus
sains s’adaptent rapidement à la nouvelle température, ce qui n’empêche pas une
augmentation de la morbidité, voire de la mortalité, en relation avec les faibles
températures. Néanmoins, même une faible baisse de la température corporelle interne
peut induire des effets très néfastes chez les personnes fragilisées4 ».
Références :
- 1. Institut de veille sanitaire (2004). Froid et santé : éléments de synthèse bibliographique et perspectives. InVS, Saint-Maurice, France, 48 pages. Consulté le 07/02/2011.
- 2. Keatinge, W.R. (2002). Dans Institut de veille sanitaire (2004). Froid et santé : éléments de synthèse bibliographique et perspectives. InVS, Saint-Maurice, France, 48 pages. Consulté le 07/02/2011.
- 3. White, M.R. (1985). Dans Institut de veille sanitaire (2004). Froid et santé : éléments de synthèse bibliographique et perspectives. InVS, Saint-Maurice, France, 48 pages. Consulté le 07/02/2011.
- 4. MacKenzie, M. (2000). Dans Institut de veille sanitaire (2004). Froid et santé : éléments de synthèse bibliographique et perspectives. InVS, Saint-Maurice, France, 48 pages. Consulté le 07/02/2011.
Gelures et engelures
La gelure est une brûlure causée par le froid intense qui apparaît, normalement,
lors de l'exposition durable du corps à une température de moins de 0 °C1.
L'engelure est moins grave et provient d'une exposition durable à une température
aux alentours de 10 °C. La perte de sensibilité est moindre par rapport à la gelure
qui anesthésie la zone atteinte.
Les gelures peuvent être superficielles ou profondes1. Les gelures superficielles
surviennent quand les lobes d’oreilles, le nez, les joues, les doigts ou les orteils
sont exposés au froid et que les couches superficielles de la peau gèlent. La peau
de la région touchée blanchit et peut paraître engourdie; elle semble dure, mais
les couches profondes de la peau paraissent normales (molles). Les gelures profondes
sont, quant à elles, des cas plus sévères de brûlure par le froid pouvant endommager
les tissus de façon grave ou permanente. La personne n'éprouve aucune douleur ou
ressentira une sensation de brûlure ou de picotements qui sera suivie de l'apparition
de cloques. Enfin, les gelures peuvent être éventuellement associées à une hypothermie
générale.
Les engelures sont des rougeurs violacées douloureuses se développant sur les mains,
les pieds et le visage pendant la saison froide et humide2. Il s’agit
d’un érythème par stase, avec tuméfaction des téguments, qui sont luisants, indurés
et froids3. À un stade plus avancé, ces rougeurs peuvent se compliquer
d’ulcérations et de crevasses, avec suppurations et formation de croûtes. Les régions
qui présentent des engelures sont plus exposées aux infections et à l'apparition
de la gangrène (nécrose des tissus mous attribuable au manque d'irrigation sanguine)1.
Pour prévenir ou soigner les gelures et engelures, consultez :
Références :
- 1. Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail (2008). Exposition
au froid – Effets sur la santé et premiers soins. Consulté le 07/02/2011.
- 2. Flammarion (1994). Dictionaire de médecine Flammarion. Médecine-Sciences Flammarion, 75006, Paris, 1 010 pages.
- 3. Manuila, A. et collab. (1971). Dictionaire français de médecine et de biologie. Masson & Cie, Paris.
Pied d’immersion, pied des tranchées
Le pied d'immersion survient généralement à des températures plus élevées et après
une exposition plus longue que le pied des tranchées, lequel risque davantage de
se produire à basse température1.
Le pied d'immersion survient chez des personnes dont les pieds sont humides, mais
non gelés, pendant plusieurs jours ou semaines1. Ce trouble, qui peut
se produire à des températures aussi élevées que 10 °C (50 °F), touche surtout
les muscles et les nerfs. Ses symptômes sont variés, allant de la sensation de picotement
à la gangrène, dans les cas extrêmes.
Le pied des tranchées est un trouble associé à une exposition prolongée à un environnement
humide ou mouillé où la température varie entre 0 °C (32 °F) et 10 °C
(50 °F), environ1. Selon la température ambiante, l'apparition des
symptômes peut survenir entre quelques heures et plusieurs jours (moyenne de trois
jours). Un trouble semblable peut également être observé aux mains lorsqu’une personne
porte des gants mouillés dans les mêmes conditions.
Références :
Hypothermie
Dans des environnements moyennement froids, la température centrale du corps humain
ne chute habituellement pas plus de 1 ou 2 °C au-dessous de 37 °C en raison
de la capacité d'adaptation1. Cependant, si le corps est exposé à un
froid intense sans vêtements adéquats, il est incapable de compenser la perte de
chaleur. Conséquemment, la température centrale du corps commence à chuter. La sensation
de froid suivie de douleur dans les parties exposées du corps est l'un des premiers
signes d'une légère hypothermie. On compte aussi les tremblements, la confusion
et la perte du contrôle musculaire2. Si la situation se détériore, la
personne cesse de trembler, perd connaissance et risque de faire un arrêt respiratoire
et cardiaque. L’issue de l’hypothermie peut donc être mortelle.
Pour connaître les premiers soins à donner à une personne en état d’hypothermie,
consultez la page Exposition au froid – Effets sur la santé et premiers
soins
sur le site du Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail.
Pour prévenir ou soigner l’hypothermie, consultez Travail au froid. Gelures et hypothermie : des maux qui donnent
froid dans le dos! et Contrainte thermique : Le froid. 3e édition revue et corrigée
sur le site de la CSST.
Références :
Mortalité hivernale liée au froid selon l’avancement en âge
Le risque de décès dû au froid l’hiver est plus élevé chez les personnes âgées que chez leurs cadettes, vraisemblablement attribuable à :
- la réduction naturelle de leur sensibilité au froid1;
- du fait d’une diminution du métabolisme de base;
- d’une mauvaise perception de la température ou de la présence de pathologies sous-jacentes (telles que l’hypothyroïdie, l’insuffisance surrénalienne, le diabète sucré et les maladies cardiaques) plus fréquente chez ce groupe d’âge2,3.
Ceci étant, il n’existe pas de seuil d’âge proprement dit, à partir duquel le risque de décès dû au froid augmente chez les aînés, comme l’âge de 65 ans ou celui de 70 ans. Sur la base de la littérature, il apparaît que ce seuil se situerait toutefois sur un intervalle d’âge allant de 65 à 75 ans pour la mortalité toutes causes4,5,6,7,8,9,10. Bien qu’étendu, cet intervalle est tout de même plus précis que celui observé pour les décès liés au froid par causes cardiovasculaires1,2,5,7,9,10,11,12,13,14,15 et cérébrovasculaires4,7,9,10,13,15,16 (50-85 ans), ou pour les décès par causes respiratoires pour lesquels le consensus sur la contribution de l’avancement en âge ne serait pas encore établi17.
Références :
- 1. Carder, M. et collab. (2005). The lagged effect of cold temperature and wind chill on cardiorespiratory mortality in Scotland. Occupational and Environmental Medicine, vol. 62, n° 10, p. 702-710.
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- 3. Keim, S.M., Guisto, J.A., Sullivan, J.B.Jr. (2002). Dans Institut de veille sanitaire (2004). Froid et santé : éléments de synthèse bibliographique et perspectives. InVS, Saint-Maurice, France, 48 pages. Consulté le 07/02/2011.
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- 8. Keatinge, W.R. et collab. (1997). Cold exposure and winter mortality from ischaemic heart disease, cerebrovascular disease, respiratory disease, and all causes in warm and cold regions of Europa. Lancet, vol. 349, n° 9062, p. 1341-1346.
- 9. Revich, B., Shaposhnikov, D. (2008a). Excess mortality during heat waves and cold spells in Moscow, Russia. Occupational and Environmental Medicine, vol. 65, n° 10, p. 691-696.
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- 11. Danet,S. et collab. (1999). Unhealthy effects of atmospheric temperature and pressure on the occurrence of myocardial infarction and coronary deaths. A 10-year survey: the Lille-World Health Organization MONICA project (Monitoring trends and determinants in cardiovascular disease). Circulation, vol. 100, n° 1, p. E1-E7.
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- 13. McKee, M. et collab. (1998). Seasonal variation in mortality in Moscow. Journal of Public Health Medicine, vol. 20, n° 3, p. 268-274.
- 14. Morabito, M. et collab. (2005). Relationships between weather and myocardial infarction: a biometeoreological approach. International Journal of Cardiology, vol. 105, n° 3, p. 288-293.
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- 16. Hong, Y.C. et collab. (2003). Ischemic stroke associated with decrease in temperature. Epidemiology, vol. 14, n° 4, p. 473-478.
- 17. Bustinza, R. et collab. (2011). Proposition d'indicateurs aux fins de vigie et de surveillance des troubles de la santé liés au froid. Institut national de santé publique du Québec, Canada, 104 pages.
Mortalité hivernale liée au froid selon certaines minorités ethniques
Aux États-Unis, il semble que les personnes d’ethnies non blanches soient plus à risque de décéder lorsqu’il fait froid que les personnes d’ethnies blanches (risque relatif, RR : 1,25; intervalle de confiance à 95 %, IC 95 % : 1,12 - 1,40)1. Une observation qui touche plus spécifiquement les personnes d’ethnies noires (par rapport aux blanches) dans d’autres études américaines2,3.
De fait, les immigrants (surtout ceux provenant de régions tropicales) doivent grandement s’acclimater aux températures extrêmement basses, contrairement aux habitants des régions plus froides qui sont mieux adaptés physiologiquement et socioculturellement4. De plus, être noir aux États-Unis peut être associé à une variété de circonstances socialement désavantageuses; par exemple, les Noirs y vivraient plus souvent que les Blancs dans des environnements défavorisés, même lorsqu’ils ont des revenus similaires2,5. Enfin, également importante est l’incapacité de parler et de lire la langue officielle du pays d’accueil chez plusieurs immigrants récents – ce qui peut influencer l’accès aux consignes préventives – un constat observé dans divers contextes météorologiques extrêmes survenant l’hiver comme l’été, dont le verglas de 1998 au Québec6, les tornades7 et les vagues de chaleur8 aux États-Unis.
Références :
- 1. Schwartz, J. (2005). Who is sensitive to extremes of temperature? A case-only analysis. Epidemiology, vol. 16, n° 1, p. 67-72.
- 2. O'Neill, M.S., Zanobetti, A., Schwartz, J. (2003). Modifiers of the temperature and mortality association in seven US cities. American Journal of Epidemiology, vol. 157, n° 12, p. 1074-1082.
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- 4. Institut de veille sanitaire (2004). Froid et santé : éléments de synthèse bibliographique et perspectives. InVS, Saint-Maurice, France, 48 pages. Consulté le 07/02/2011.
- 5. Krieger, N., Williams, D.R., Moss, N.E. (1997). Dans O'Neill, M.S., Zanobetti, A., Schwartz, J. (2003). Modifiers of the temperature and mortality association in seven US cities. American Journal of Epidemiology, vol. 157, n° 12, p. 1074-1082.
- 6. Bélanger, D., Gosselin, P., Poitras, P. (2006). Changements climatiques au Québec méridional : perceptions des gestionnaires municipaux et de la santé publique. Institut national de santé publique du Québec, Canada, 155 pages.
- 7. Hall, S.G., Ashley, W.S. (2008). Effects of urban sprawl on the vulnerability to a significant tornado impact in Northeastern Illinois. Natural Hazards Review, vol. 9, n° 4, p. 209-219.
- 8. McGeehin, M.A., Mirabelli, M. (2001). The potential impacts of climate variability and change of temperature-related morbidity and mortality in the United States. Environmental Health Perspectives, vol. 109 (supplement 2), p. 185-189.
Mortalité hivernale liée au froid selon certaines maladies préexistantes
L’hiver, certaines maladies préexistantes pourraient fragiliser l’état de santé d’une personne et contribuer à son décès, de façon inattendue. Parmi ces maladies, relevons principalement les antécédents de maladies respiratoires1 et plus spécifiquement la maladie pulmonaire obstructive chronique chez les personnes âgées de 55 ans et plus2.
La relation entre les antécédents de maladies cardiovasculaires et le nombre de décès en hiver est toutefois mitigée, car si certains chercheurs abondent dans le sens d’une relation positive entre ces deux composantes (en Russie)3, notamment en ce qui concerne les antécédents d’hypertension artérielle ou d’hypercholestérolémie (en Irlande)4, d’autres chercheurs n’en observent aucune (au Royaume-Uni)1. Leurs recherches sont toutefois difficilement comparables, ne serait-ce qu’en raison des différences socioculturelles entre les populations étudiées (p. ex., tabagisme, comportements alimentaires).
Références :
- 1. Wilkinson, P. et collab. (2004). Vulnerability to winter mortality in elderly people in Britain: population based study. BMJ, vol. 329, n° 7467, p. 647.
- 2. Schwartz, J. (2005). Who is sensitive to extremes of temperature? A case-only analysis. Epidemiology, vol. 16, n° 1, p. 67-72.
- 3. Revich, B., Shaposhnikov, D. (2008). Excess mortality during heat waves and cold spells in Moscow, Russia. Occupational and Environmental Medicine, vol. 65, n° 10, p. 691-696.
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Mortalité hivernale liée au froid selon le fait d’habiter dans un milieu urbain où les hivers sont généralement cléments
Le risque de décéder en milieu urbain lors de froid intense toucherait davantage les communautés où les hivers sont généralement cléments, par rapport aux communautés où les hivers sont plus froids1,2,3,4. Des études menées dans des villes avec des hivers très froids ont même montré une absence de lien entre le froid et la mortalité par maladies respiratoires5, cardiaques ischémiques6 ou cérébrovasculaires5,6,7. Une moins grande habitude au froid et l’adoption de stratégies d’adaptation inadéquates (p. ex., port de vêtements ne protégeant pas du froid et du vent) contribueraient à expliquer la différence observée4,5,6,7,8.
Également importante pour les décès liés aux basses températures est la présence d’îlots de froid qui se forment en milieu urbain dans des zones bien dégagées et pouvant être venteuses, ou dans des zones moins exposées au soleil. La température moyenne y est de 2 à 3 °C de moins que dans le reste de la ville. À titre d’exemples, relevons les terrains de stationnements et certaines zones vertes, comme le mont Royal à Montréal – soit des logements à ciel ouvert pour sans-abri, même en hiver.
Références :
- 1. Analitis, A. et collab. (2008). Effects of cold weather on mortality: results from 15 European cities within the PHEWE project. American Journal of Epidemiology, vol. 168, n° 12, p. 1397-1408.
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- 4. Keatinge, W.R. et collab. (1997). Cold exposure and winter mortality from ischaemic heart disease, cerebrovascular disease, respiratory disease, and all causes in warm and cold regions of Europa. Lancet, vol. 349, n° 9062, p. 1341-1346.
- 5. Revich, B., Shaposhnikov, D. (2008a). Excess mortality during heat waves and cold spells in Moscow, Russia. Occupational and Environmental Medicine, vol. 65, n° 10, p. 691-696.
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- 7. McKee, M. et collab. (1998). Seasonal variation in mortality in Moscow. Journal of Public Health Medicine, vol. 20, n° 3, p. 268-274.
- 8. Clinch, J.P., Healy, J.D. (2000). Housing standards and excess winter mortality. Journal of Epidemiology and Community Health, vol. 54, n° 9, p. 719-720.
Mortalité hivernale liée au froid selon le fait d’habiter dans un logement mal isolé
Selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), les signes d’une mauvaise isolation en hiver regroupent des murs ou planchers froids au toucher, des frais de chauffage élevés, une répartition non uniforme de la chaleur dans toute la maison, ainsi que des moisissures qui prolifèrent sur les murs1. Des signes importants à connaître, puisque les personnes vivant dans un logement mal isolé sont plus à risque de décéder quand il fait froid que les personnes habitant un logement dont l’efficience thermique est jugée bonne2.
Au Québec, la Loi sur l’économie de l’énergie dans le bâtiment vise à assurer une performance minimale de l‘isolation thermique des murs et des plafonds depuis 19833. Ce qui ne semble pas suffisant pour la majorité des participants d’un sondage téléphonique réalisé en 2005 parmi 2 543 personnes âgées de 18 ans ou plus résidant au Québec (partie méridionale), majorité en accord avec l’amélioration des exigences sur l’isolation du parc résidentiel dans une perspective de changements climatiques (tout à fait d’accord : 63,1 %; plutôt d’accord : 30,6 %; en désaccord : 5,9 %)4. Il faut dire que le pourcentage de logements nécessitant des réparations majeures, comme des réparations à la charpente des murs, des planchers ou des plafonds5, demeure élevé. Au Québec, ce pourcentage s’élève, en moyenne, à 8 % des logements pour les périodes de rencensement de 1981 à 20066,7. De même, au Canada, près de 1,5 million de ménages en 2006, ou 12,7 % des ménages canadiens, vivaient dans des logements insalubres et avaient des besoins impérieux en matière de logement8.
Références :
- 1. Société canadienne d'hypothèques et de logement (2010). L’isolation de votre maison. Consulté le 07/02/2011.
- 2. Healy, J.D. (2003). Excess winter mortality in Europe: a cross country analysis identifying key risk factors. Journal of Epidemiology and Community Health, vol. 57, n° 10, p. 784-789.
- 3. Régie du bâtiment du Québec (2006). Loi sur l’économie de l’énergie dans le bâtiment. Consulté le 07/02/2011.
- 4. Bélanger, D. et collab. (2008). Vagues de froid au Québec méridional : adaptations actuelles et suggestions d'adaptations futures. Résumé. Institut national de santé publique du Québec, canada, 12 pages. Consulté le 07/02/2011.
- 5. Statistique Canada (2002a). Dans Institut national de santé publique du Québec (2006). Portrait de santé du Québec et de ses régions 2006 : les statistiques. INSPQ, Canada, 659 pages. Consulté le 07/02/2011.
- 6. Institut national de santé publique du Québec (2006). Portrait de santé du Québec et de ses régions 2006 : les statistiques. INSPQ, Canada, 659 pages. Consulté le 07/02/2011.
- 7. Rapport produit par l’Infocentre de santé publique de l’Institut national de santé publique du Québec, mercredi 5 octobre 2010.
- 8. Collin, C., Jensen, H. (2009). Profil statistique de la pauvreté au Canada. Consulté le 07/02/2011.
Mortalité hivernale liée au froid selon la défavorisation économique
La défavorisation économique (il s’agit, ici, de l’indice de Townsend) n’est généralement pas corrélée à la mortalité liée au froid1,2,3,4,5, ni la proportion de chômeurs pouvant être incluse à sa mesure2 ou la faible scolarité pouvant lui être associée6. De fait, il est possible que les personnes défavorisées économiquement ne soient pas plus exposées au froid que les plus favorisées7, notamment au Québec où il est peu probable que les changements climatiques influencent, en moyenne, la mortalité en hiver8. Au fil des ans, les Québécois ont développé diverses stratégies pour s'acclimater aux températures anormalement basses, tels que le calfeutrage préventif des ouvrants dès l’automne et l’utilisation de coupe-froid de fortune lors d’un refroidissement intense (comme l’ajout d’un tapis roulé au seuil de la porte)9. La Loi sur l'économie de l'énergie dans le bâtiment (1983), visant à assurer une performance minimale de l'isolation thermique des murs et des plafonds, en est un autre exemple qui date depuis près de 30 ans10. Enfin, les ressources naturelles du Québec permettent d'assurer un chauffage hydroélectrique pour une somme relativement peu élevée et qui s’avère l’une des plus avantageuses par rapport à plusieurs pays industrialisés11.
L’absence d’une corrélation significative entre la défavorisation économique et la mortalité liée au froid ne signifie pas l’absence de contribution de la pauvreté aux troubles de la santé ou aux décès dans de telles conditions météorologiques. Des facteurs autres que le revenu familial ont aussi une influence sur les conditions de vie des individus en âge de travailler tels que l'accès à des services de qualité et à des assurances12. La diminution des dépenses publiques en santé ou du produit intérieur brut a d’ailleurs été associée à une mortalité accrue en hiver dans plusieurs pays européens13.
Le logement joue également un rôle clé, car de bonnes conditions de logement peuvent amoindrir les effets pervers associés à la faiblesse du revenu chez les familles, alors que de mauvaises conditions de logement peuvent les exacerber12. Or, les personnes très défavorisées économiquement habitent généralement un logis dont le prix est le plus abordable possible, ce qui signifie souvent un logement mal isolé – un facteur de risque de la mortalité liée au froid13.
Enfin, la pauvreté de certaines minorités ethniques n’est pas à sous-estimer. La relation entre la mortalité liée au froid et les minorités noires aux États-Unis en est d’ailleurs un exemple 6,14. Une pauvreté qui est aussi présente au Canada, où le taux de faible revenu relatif chez les immigrants (comparativement aux Canadiens de naissance) a augmenté au cours des dernières décennies15.
Références :
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- 13. Healy, J.D. (2003). Excess winter mortality in Europe: a cross country analysis identifying key risk factors. Journal of Epidemiology and Community Health, vol. 57, n° 10, p. 784-789.
- 14. Thacker, M.T. et collab. (2008). Overview of deaths associated with natural events, United States, 1979-2004. Disasters, vol. 32, n° 2, p. 303-315.
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Mortalité hivernale liée au froid et effet de moisson
Il arrive que la fin de vie de certaines personnes gravement malades et dont les jours sont comptés survienne prématurément en raison de la température. Nommé « effet de moisson » (ou harvesting effect, en anglais), ce déplacement de la mortalité est généralement suivi d’une sous-mortalité dès que les températures reviennent à la normale1. Or, contrairement au contexte des vagues de chaleur1, l’augmentation de la mortalité lors de températures hivernales anormalement basses ne semble pas suivie d’une sous-mortalité2. La contribution absolue de ce déplacement des décès sur un court horizon en termes de mortalité prématurée serait, toutefois, très difficile à estimer3.
Références :
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- 3. Organisation mondiale de la Santé (2009b). Dans Tairou, F., Bélanger, D., Gosselin, P. Proposition d’indicateurs aux fins de vigie et de surveillances des troubles de la santé liés à la chaleur. Institut national de santé publique du Québec, Canada, 44 pages. Consulté le 07/02/2011.
Mortalité hivernale liée au froid selon le genre
La relation entre le genre et la mortalité liée au froid est loin de faire consensus. Alors que certaines études n’observent aucune différence significative selon le genre1,2,3, d’autres rapportent une plus forte augmentation des décès l’hiver (par rapport aux autres saisons) chez les femmes d’au moins 65 ans4,5; d’autres encore, une plus forte augmentation chez les hommes, indépendamment de l’âge6. De plus, tout dépend du type de mortalité. Par exemple, en Pennsylvanie (États-Unis), les risques relatifs de mortalité par maladies cérébrovasculaires et respiratoires ont été significativement plus élevés chez les femmes de 65 ans et plus, alors que celui de mortalité par maladie ischémique cardiaque était plus important chez les hommes de 50 à 64 ans7.
Des effets contradictoires selon le genre ont également été observés dans le contexte des vagues de chaleur, pour lesquelles la surmortalité, en termes relatifs et absolus8, était masculine aux États-Unis9 et féminine en Europe10. Des effets qui pourraient être attribuables, en partie, aux différences méthodologiques importantes entre les études et rendant difficile leur comparaison, comme la prise en compte, ou non, des épidémies de grippe ou d’autres pathologies et l’évolution démographique pour les périodes longues11.
Références :
- 1. Barnett, A.G., de Looper, M., Fraser, J.F. (2008). The seasonality in heart failure deaths and total cardiovascular deaths. Australian and New Zealand Journal of Public Health, vol. 32, n° 5, p. 408-413.
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- 3. Eng, H., Mercer, J.B. (1998). Seasonal variations in mortality caused by cardiovascular diseases in Norway and Ireland. Journal of Cardiovascular Risk, vol. 5, n° 2, p. 89-95.
- 4. Wilkinson, P. et collab. (2004). Vulnerability to winter mortality in elderly people in Britain: population based study. BMJ, vol. 329, n° 7467, p. 647.
- 5. Schwartz, J. (2005). Who is sensitive to extremes of temperature? A case-only analysis. Epidemiology, vol. 16, n° 1, p. 67-72.
- 6. Thacker, M.T. et collab. (2008). Overview of deaths associated with natural events, United States, 1979-2004. Disasters, vol. 32, n° 2, p. 303-315.
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- 8. Kovats, R.S., Hajat, S. (2008). Heat stress and oublic health: a critical review. Annual Review of Public Health, vol. 29, p. 41-55.
- 9. Benbow, N. (1997). Dans Ledrans, M., Isnard, H. (2003). Impact sanitaire de la vague de chaleur d'août 2003 en France : bilan et perspectives, octobre 2003. Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France, 120 pages. Consulté le 07/02/2011.
- 10. Rooney, C. et collab. (1998). Dans Ledrans, M., Isnard, H. (2003). Impact sanitaire de la vague de chaleur d'août 2003 en France : bilan et perspectives, octobre 2003. Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France, 120 pages. Consulté le 07/02/2011.
- 11. Institut de veille sanitaire (2004). Froid et santé : éléments de synthèse bibliographique et perspectives. InVS, Saint-Maurice, France, 48 pages. Consulté le 07/02/2011.
Mortalité hivernale liée au froid selon l’humidité relative
L’effet de l’humidité sur l’excès de mortalité en hiver demeure à préciser. Les résultats contraires de ces deux études en témoignent : dans la première, réalisée dans une dizaine de pays européens (incluant notamment l’Angleterre, mais pas la Norvège), l’augmentation des décès varie en fonction de l’accroissement de l’humidité relative1, alors que dans la deuxième, effectuée en Norvège, cette relation s’avère non significative2. Une opposition qui pourrait toutefois être associée, en partie, à des pratiques de chauffage différentes. À titre d’exemple, rapportons que l’excès de mortalité hivernale en Angleterre de 1986 à 1996 a été attribué, entre autres choses, à l’absence de chauffage central et au coût élevé du chauffage – une situation qui ne prévaut peut-être pas en Norvège3.
Références :
- 1. Healy, J.D. (2003). Excess winter mortality in Europe: a cross country analysis identifying key risk factors. Journal of Epidemiology and Community Health, vol. 57, n° 10, p. 784-789.
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- 3. Wilkinson, P. et collab. (2001). Cold comfort: the social and environmental determinants of excess winter death in England, 1986 − 96. The Policy Press.
Étiopathogénie
Dictionnaire médical en ligne (2010). Étiopathogénie. Consulté le 07/02/2011
Chauffage au bois–smog hivernal vont de paire, de même que véhicules moteurs–marche au ralenti–smog hivernal
Le chauffage résidentiel au bois1 et les gaz d'échappement des véhicules2, notamment lors de la marche au ralenti3, sont les deux principales causes de la pollution de l’air, l’hiver. Cette pollution n’est pas sans conséquences sur la santé humaine. Les jeunes enfants, les gens âgés et les personnes atteintes de problèmes respiratoires (p. ex. asthmatiques) ou cardiaques leur sont des plus vulnérables, tout comme les personnes en bonne santé subissant des expositions répétées1,4,5. À titre d’exemple, au Québec, pour l’ensemble des régions où ont été mesurées les concentrations de contaminants atmosphériques en 2002 (soit globalement la moitié de la population québécoise), l’exposition aux particules fines, à l’ozone et aux oxydes d’azote a été associée (de façon prudente) à 1 974 décès prématurés, à 414 visites à l’urgence pour des problèmes respiratoires, à 38 visites à l’urgence pour des problèmes cardiaques et à 246 705 journées avec symptômes d’asthme6.
Ceci étant, on se serait attendu à ce que certaines études sur les impacts du froid montrent un lien entre la mortalité hivernale et la pollution de l’air, mais cela ne fut pas le cas. La mortalité hivernale toutes causes ne semble pas associée significativement aux matières particulaires7,8,9, ni la morbidité hivernale par ischémie cérébrale à divers polluants atmosphériques, soit dit en passant10.
Il est possible que la pollution de l’air agisse plutôt comme un facteur pouvant créer de la distorsion sur la relation mortalité-température, ce qui expliquerait que certaines études tiennent compte des particules fines au moment de l’analyse, aux fins d’ajustement11. À l’instar de la chaleur dans un contexte de canicule12, il est aussi vraisemblable que la surmortalité hivernale soit en très grande partie attribuable à l’effet propre du froid plutôt qu’à celui de la pollution atmosphérique. Cette observation a d’ailleurs été suggérée par une étude montrant que les facteurs météorologiques avaient plus d’importance que certains polluants de l’air pour expliquer la variance de la mortalité par maladies cardiovasculaires, à l’aide d’une analyse factorielle par composantes principales13. Autrement dit, le bénéfice de la chaleur grâce au chauffage l’hiver14,15,16,17 pourrait surpasser les risques liés à la pollution. Enfin, il est possible que la réduction des activités extérieures lors de froid intense suffise à atténuer le risque sanitaire associé à la pollution de l’air18.
Références :
- 1. Ministère du Developpement durable, de l'Environnement et des Parcs (2002). Le chaufage au bois. Consulté le 07/02/2011.
- 2. Institut national de santé publique du Québec (2006). Portrait de santé du Québec et de ses régions 2006 : les analyses. INSPQ, Canada, 131 pages. Consulté le 07/02/2011.
- 4. Lévesque, B. et collab. (2003). Qualité de l’air intérieur. Chapitre 12 dans Environnement et santé publique : fondements et pratiques. Éditions Tec & Doc, Paris, 1023 pages.
- 5. Auger, P.L. et collab. (2003). Sinistres naturels et accidents technologiques. Chapitre 20 dans Environnement et santé publique : fondements et pratiques. Éditions Tec & Doc, Paris, 1023 pages.
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- 18. Donaldson, G.C. et collab. (1998). Winter mortality and cold stress in Yekaterinburg, Russia: interview survey. Br Med J, vol. 316, n° 7130, p. 514-518.